Florida

D ’abord discret et plein de promesses avec Le sourire des marionnettes, puis affirmant ses choix, graphiques et narratifs, dans La vision de Bacchus, Jean Dytar emprunte à nouveau ses chemins de prédilection.

S’interrogeant sur le rapport à l’image, sur les balbutiements de la cartographie, comme sur l’importance à rendre compte de l’espace et des lieux pour mieux les annexer, Florida revient sur la conquête des Amériques par les Huguenots. Il est ainsi question des desseins géopolitiques de l’époque - nous sommes dans l’Angleterre du XVIe - et des manigances de basse Cour, mais aussi des rêves oubliés d’une femme comme de ceux brisés de celui qu’elle a attendu puis soutenu.

Ce bel album possède la qualité rare de faire prendre conscience - de manière simple – de la complexité d’un passé révolu et de susciter un réel intérêt pour cette triste odyssée, trop vite oubliée. Derrière ses personnages à la physionomie dépeinte en quelques traits, l’ancien professeur d’Arts plastiques donne aux différentes temporalités de son récit leur propre tonalité et opte pour des choix à la symbolique travaillée. À l’évidence, le graphisme épuré, malgré une mise en pages des plus classiques ne laisse rien au hasard.

Entraînant le lecteur dans un scénario au long cours où le fil des événements tisse méticuleusement la toile de l’Histoire, Florida s’avère à la fois didactique et plaisant. Il confirme l’existence de nouvelles voies pour les auteurs qui savent les explorer.