Les descendants ou l'appel de la Pampa

P auline rêve du grand amour, mais le grand amour ne semble pas beaucoup rêver d'elle. Lorsqu’elle croise Paul dans un bar, elle se dit que ça y est, enfin. Mais voilà, le lendemain matin, le Don Juan disparaît. Après quelques semaines de recherche et d’attente, elle le recroise ; il lui explique alors qu’il est un nomade et qu’ils n’appartiennent pas au même univers. Qu’à cela ne tienne, l’héroïne se transformera en baroudeuse pour le convaincre qu’elle lui ressemble et qu’elle peut se montrer digne de son affection. Elle prend la direction de l’Argentine, là où se sont rencontrés ses ancêtres français et espagnols. Une année durant elle y travaille et voyage. À la recherche de l’autre, c’est finalement elle qu’elle découvre au bout du monde.

La protagoniste est désarmante de candeur ; une sorte d’Amélie Poulain en Amérique du Sud. L’auteure fait dans l’autodérision lorsqu’elle discute de ses rêves de midinettes, qu’elle décrit les habitudes hautement prévisibles des marginaux qui explorent tous les circuits qu’ils ont trouvés dans Le Guide du routard ou qu’elle se met soigneusement en scène sur ses photos pour impressionner ses amis parisiens. Le lecteur a d’ailleurs l’étrange sentiment que Les descendants ou l’appel de la Pampa est la transposition en album des pages Facebook et Instagram d’une jeune femme qui échange avec ses copines. L’exercice tend d'ailleurs à s’étirer, les états d’âme et le parti pris pour la superficialité finissant par perdre de leur intérêt.

Du point de vue graphique, l’instantanéité des réseaux sociaux se traduit par un dessin nerveux et sommaire. L’important est de communiquer, peu importe que le coup de crayon demeure approximatif. Cela dit, ça fonctionne. Les illustrations sont joyeuses, dansantes et souvent libérées du carcan de la case, un peu comme l’éternelle adolescente qui a du mal à reconnaître qu’il sera bientôt temps de rentrer dans le rang et d’accepter d’avoir une vie rangée avec amoureux, chien et enfants.

Un livre vivant et sympathique, nappé d’une bonne dose d’ironie, qui souffre néanmoins des limites inhérentes au genre autobiographique.

Moyenne des chroniqueurs
6.0