Les chevaliers d'Héliopolis 2. Albedo, l'œuvre au blanc

D ix-sept a réussi brillamment son épreuve initiale, il est maintenant Asiamar. Cependant, aux yeux de ses maîtres, il lui reste manifestement beaucoup de chemin à parcourir pour évoluer vers un véritable chevalier d'Héliopolis. Passant outre son manque de maturité et d'expérience, la confrérie lui confie une mission de première importance : contrer la montée en puissance d'un dangereux individu auparavant pressenti pour devenir membre. En effet, son âme s'est laissée corrompre par le pouvoir. Son nom ? Un certain Bonaparte...

Alors que le quinzième et dernier volume des lettres de l'empereur parait chez Fayard - hasard des sorties - Alessandro Jodorowsky exploite le deuxième test de son nouveau protégé pour proposer son idée du « petit caporal », pris dans une folie mégalomaniaque. La majeure partie de l'ouvrage lui est consacrée, de la campagne d'Égypte à son sacre en 1804. C'est donc l'occasion pour le lecteur de découvrir un portrait antipathique au possible : imbu de lui-même, individualiste, intraitable et jusqu'auboutiste, mais ayant le don de conquérir les pays et de rassembler les foules. Cette représentation hallucinée se joue des flous historiques entourant le « général Vendémiaire » et le montre à la fois comme un génie politique, un dictateur insatiable et un mystique paranoïaque. Face à une telle personnalité, le caractère du jeune héros souffre de la comparaison et pourrait paraître de ce fait un peu fade.

Aussi à l'aise avec le faste des Tuileries qu'avec le Sahara aride, dans les panoramas ou les scènes de combat, Jérémy a bien compris l'exubérance requise et l'exprime avec force détails et une belle vitalité, parfaitement en phase avec le scénariste.

L'Albedo profite à Napoléon : sa lumière éclipse quelque peu l'aura de l'apprenti, sans que cela dérange pour autant. L'ésotérisme imprègne un peu plus l'esprit de la série, qui l'eût cru ?

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Moyenne des chroniqueurs
6.0