On sème la folie

U n groupe d’amis d’enfance se retrouve pour passer quelques jours à la plage. Tous ont trente ans, l’âge des bilans. Ils travaillent comme musicien, fabricant de chaussures ou auteur de bandes dessinées. Certains connaissent le succès, d’autres moins. Ils parlent de tout et de rien, se taquinent, se souviennent du passé, se font de bonnes bouffes et réfléchissent au sens de leurs vies.

L’ensemble respire l’authenticité, chacun se reconnaît dans la banalité des gestes et des réflexions un peu convenues. Le projet de BD-vérité a pourtant du mal à convaincre et le lecteur peine à s’intéresser à la monotonie du quotidien des personnages. Il attend une montée dramatique ou un conflit qui ne vient jamais. Au final, le bédéphile ressent pratiquement un malaise à observer une intimité qui ne lui appartient pas.

Le dessin est réalisé à la mine de plomb combiné à des aplats numériques, mauves ou saumon. La technique donne des résultats étonnants, notamment pour la reproduction des visages qui sont très réalistes, alors que, paradoxalement, les coups de crayon demeurent apparents. Le procédé est intéressant, mais ne charme pas. Certaines vues de la mer ou de la grève, de même qu’un cerf en forêt sont par ailleurs représentés de belle façon.

Avec On sème à la folie, Laurent Bonneau entame une démarche exploratoire. Bien que son audace soit méritoire, elle n’arrive pas vraiment à séduire.

Moyenne des chroniqueurs
4.5