Unlovable

C omment faire pour séduire Ken Olsen, le plus beau mec du bahut, quand on est une adolescente plutôt maladroite et dotée d'un physique ingrat ? C'est la question que se pose Tammy Pierce, davantage concernée par ses premières attirances sexuelles que par les cours. Avec les boucles d'oreilles de sa mère, ses bas de contention, sa laque Elnett, un maquillage grossier, des sparadraps anti-tétons qui pointent et des faux ongles, elle pense pourtant pouvoir se donner toutes les chances d'y parvenir. Mais la jeune fille ne cessera pas de se heurter à la méchanceté de ses prétendues amies, à la bêtise et le machisme des garçons.

En 1995 sur la route entre Las Vegas et San Francisco, Esther Pearl Watson trouve le journal intime d'une jeune fille dans les toilettes d'une station-service. Enseignante dans un collège de design et d'illustrations au sein d'un centre d'art, l'auteure séduite, par ce récit authentique et bouleversant, décide d'en adapter son contenu en restant fidèle au texte original. Considéré comme l'équivalent d'une biographie, le journal de «celle qui ne peut être aimée» retrace un segment de parcours particulièrement émouvant, burlesque, voire dramatique d'une gamine qui lutte de toutes ses forces et avec le peu de moyens dont elle dispose pour s'affirmer et se sentir aimée.

Incisif, souvent cru et pourvu d'annotations raturées tels de vulgaires brouillons et de schémas explicatifs, l'auteure sert un dessin en noir et blanc populaire avant tout basé sur un style très écolier. Placée dans un environnement conflictuel, l'héroïne est enlaidie à souhait et dégage a contrario de la tendresse et une certaine pitié. Ce recueil de mini comics fort de trois cent quarante pages et regroupé en cinq livrets dans un coffret, s'achève sur une fin soudaine et beaucoup trop abrupte, minimisant la bonne impression initiale. Frustré, le lecteur refermera l'ensemble avec une multitude de questions sans réponse.

Émouvant et tellement authentique, Unlovable permettra de mieux pénétrer dans le mal-être quotidien de la gentille et fameuse "copine qui accompagne aux toilettes", d'en comprendre les rouages et leurs conséquences.

Moyenne des chroniqueurs
6.0