Irons 1. Ingénieur-conseil

J ack Irons se révèle être un ingénieur hors du commun. Au Canada, grand spécialiste dans les constructions et destructions d'édifices et structures gigantesques, il apporte sa collaboration et ses compétences à la police locale dans l'enquête sur l'effondrement douteux d'un pont. Derrière une personnalité meurtrie et distante, le charismatique Irons dissimule un lourd secret. Parce qu'il a aussi - et surtout - un but.

Entre boulons, piles de viaduc, coffrages et béton armé, Tristan Roulot (Hedge Fund) visse une intrigue policière solide et dense sur un thème précis et assez peu abordé jusqu'à présent : l'architecture. Il offre ainsi l'occasion de pouvoir s'évader des contextes habituels parcourus maintes et maintes fois. Bien documenté côté génie civil, inspiré d'anecdotes stupéfiantes glanées ici et là et a priori proches du réel, le scénario aborde également des sujets sensibles tels que les conflits d'intérêts, le trafic d'influence et autres enjeux économiques voire écologiques. Quelques ramifications vers le passé de l'expert et crochets en direction de personnages secondaires désorientent volontairement le lecteur dans ses propres investigations, amplifiant l'attrait général.

De son coté, Luc Brahy (Alto Plano) est un paradoxe à lui tout seul. Capable de réaliser avec aisance, des couleurs appropriées à l'appui, des paysages hivernaux à attraper froid, une superstructure à donner le vertige et de belles embarcations sur une mer à s'y noyer, il peine en revanche à gratifier ses acteurs de traits irréprochables. Les faciès imprécis déçoivent et restent désespérément dépourvus d'expression. Le contraste est suffisamment net pour priver cette bande dessinée de toute la dimension qu'elle aurait méritée.

Malgré ce grief de taille, ce premier épisode intitulé Ingénieur Conseil reste globalement de bonne qualité, les auteurs laissant pour la suite suffisamment d'interrogations en suspens. La question est de savoir : jusqu'où «Irons»-t-ils avec Jack ?

Moyenne des chroniqueurs
5.3