Une génération française 5. Vichy-capitale

L e régime de Vichy est bien établi avec à sa tête le maréchal Pétain. Ce dernier n’aime pas l’envahisseur, mais il croit qu’une respectueuse entente avec l’ennemi demeure la meilleure façon de protéger sa France. Il se demande d'ailleurs si ça ne pourrait pas permettre de faire le ménage et que son pays renoue avec ses valeurs traditionnelles. Le militaire est cependant de plus en plus défié par son bras droit, Pierre Laval, qui se révèle enclin à collaborer avec Hitler. Parallèlement, le lieutenant Tanguy Brettin d’Arçonet, rencontré dans Populations trahies! continue d’avoir des relations houleuses avec un père castrateur et une épouse qu’il a du mal à honorer.

La structure d’Une génération française est singulière. La première saison se déroule sur trois fronts : la résistance, la collaboration et le repli à l’étranger pour mieux combattre. Alors que dans les quatre opus précédents le scénario de Thierry Gloris présentait le destin d’un héros anonyme avec en toile de fond celui de l’Hexagone, ce livre donne davantage la place aux tactiques diplomatiques. Tellement que le lecteur se désintéresse du sort de celui qui devrait être l’acteur principal. Au final, il a l’impression de lire un manuel d’Histoire alors qu’il attendait une fiction. Cela dit, le résultat s’avère instructif, même s’il y a une rupture avec les chapitres antérieurs.

Le dessin de Manuel Garcia est inégal. La reconstitution historique est excellente, les décors sont soignés, mais les personnages demeurent pour la plupart sommaires. Particulièrement les visages qui sont très peu détaillés. Ce pourrait être un parti-pris artistique, mais dans la mesure où la facture se veut réaliste, ce choix est étrange.

Avec la parution prochaine de Radio-Paris ment, se terminera le premier cycle de la série. Bien qu’il y ait des passerelles entre les trois récits, les paires d’albums sont passablement autonomes. Peut-être serait-il maintenant souhaitable que le scénariste fasse converger les intrigues pour qu’il y ait une réelle tension dramatique entre des protagonistes qui ont des visions politiques différentes, à moins qu’elles finissent par se rejoindre.

Moyenne des chroniqueurs
6.0