Dryades

L orsqu’elles se sont rencontrées, Rudica et Yacha ont eu un coup de foudre amical. Et, tout de suite, le tandem a cherché à partager son bonheur. D’abord en déambulant dans les rues de Bruxelles pour égayer les murs en y dessinant chèvres, plantes humanoïdes, sangliers et autres bestioles. Ensuite, en offrant des services de guérisseuses. Mais ce qui devait arriver arriva. De tous temps, les sorcières ont suscité méfiance et hostilité ; il en ira malheureusement de même pour les deux dryades qui sont pourtant des nymphes bienveillantes.

Tiffanie Vande Ghinsteb fait son entrée dans le monde de la bande dessinée de jolie façon. Dans ce récit teinté de réalisme magique, le fantastique se manifeste dans les détails : personnages dessinés qui changent de position et sortent de leur cadre, guérisons miraculeuses, pluie dans un appartement, etc. Dans l’ensemble, l’histoire est toute simple, peut-être juste un peu trop. Certaines situations, par exemple la brève rupture entre les deux jeunes femmes et la trahison d’un ami auraient gagnés à être plus développées.

Le trait, naïf, est cohérent avec le projet. Les protagonistes ont l’air de petits bonshommes et plusieurs de leurs graffitis pourraient être l’œuvre d’enfants. L’illustratrice a par ailleurs un coup de crayon très particulier. Dès les premières cases, le lecteur fronce les sourcils et se dit qu’il y a un souci avec la représentation des objets, mais rapidement il comprend que l’artiste est volontairement fâchée avec la perspective et les points de fuite, que c’est en quelque sorte sa marque de fabrique. Enfin, l’album est essentiellement en bichromie, mais des touches de rouge (principalement pour les dessins de Yacha) et de vert (pour les croquis de Rudica et les végétaux qu’elle soigne) soulignent les sortilèges qui sont au cœur de l’entreprise.

Un joyeux mélange d’urbanité et de mythologie antique, de fantaisie et de pragmatisme, de solidarité et de marginalité.

Moyenne des chroniqueurs
7.0