Les sentiers de Wormhole 1. Les Sentiers de Wormhole

L e monde n'est plus. Un phénomène rare et complexe a chamboulé toutes les civilisations et technologies en place. La France n'a d'ailleurs pas été épargnée. C'est dans ce contexte particulièrement instable et en pleine reconstruction qu'une société cosmopolite et intemporelle essaye de cohabiter. Amédée Bonnpom, trappeur misanthrope, vit reclus et paisiblement dans sa petite hutte, bien loin du tumulte d'une ville déjà happée par la corruption et les intérêts de chacun. Il doit également composer avec la présence d'un peuple primitif et hostile, les Ragougnahs. Un jour, pour une raison qu'il ignore, sa nièce, une chipie locale, disparaît, probablement enlevée par ces vilains cannibales. Alors, avec les moyens du bord, Amédée se lance à sa recherche, bien décidé à la récupérer.

Pas après pas sur les Sentiers de Wormhole une première halte s'impose sur le scénario concocté par Stephane Blanco. Ce road-movie, intéressant à première vue, manque indéniablement d'audace et de puissance. Certes, quelques bonnes idées humoristiques, notamment via l'apparition de personnages secondaires, viennent légèrement rehausser l'intérêt, sans véritablement influencer la trame principale de ce western-spaghetti servi à la vinaigrette Mad max.

Son compère, Laurent Perrin (déjà accompagné de S. Blanco sur «Aux îles, point de salut chez Caraïbéditions» - «Cayenne, matricule 51793») au dessin s'est surpassé : Influencé par le talentueux Franquin, il fait preuve d'une redoutable et efficace imagination pour offrir un tracé d'une grande maturité et d'une précision remarquable. Le lecteur est touché par ses cases qui renvoient des trognes aussi singulières que loufoques, des silhouettes qui le sont tout autant, ainsi que des décors improbables de toute beauté.

Le parcours des sentiers s'achève pour prendre un tout autre chemin et faire un dur retour à la réalité. Parce qu'il n'en demeure pas moins que l'argent reste le nerf de la guerre, y compris dans la bande dessinée, dans un bref communiqué fait sur le site de Sandawe – la plate-forme de financement participatif qui édite cet album - les auteurs préviennent leurs clients : "la naissance éventuelle d'un second tome dépendra des retours sur les ventes du premier." Et franchement c'est à espérer tant cet album présente un fort potentiel. Car, pour peu que l'intrigue s'étoffe, et arrive à s'engouffrer dans l'originalité, nul doute que cette aventure pourrait alors faire son entrée dans les bacs des incontournables.

Moyenne des chroniqueurs
5.5