Ma vie de réac 2. Violence contemporaine

« Je m’excuse sincèrement auprès de toutes les minorités qui ont pu se sentir offensées par l’une ou l’autre de mes bandes dessinées. Je vous fais de gros bisous. »

Morgan Navarro est réac. C’est lui qu’il l’affirme. Dans ce deuxième recueil de chroniques publiées sur le site du Monde, il met en scène son alter ego qui s’élève en porte-à-faux contre la rectitude politique et ses débordements. Parents excessivement compréhensifs, écriture non genrée ou militantisme religieux, il a du mal à adhérer aux modes. Il dénonce et il mord, mais habituellement avec humour. Il craint une société où la censure est imposée par une gauche bienveillante : «Rassurez-moi, nous sommes toujours Charlie, n’est-ce pas ?», espère-t-il.

Le beauf dit tout haut ce que d’autres pensent tout bas. Son propos se révèle certes caricatural, mais demeure nécessaire pour contribuer à maintenir l’équilibre afin d’éviter que certaines idées ne s’enracinent trop profondément trop vite. Il va de soi que le chroniqueur joue un jeu. Le bédéphile n’en est pas dupe, même si parfois il se pose la question : qui parle, est-ce Dr Morgan ou M. Navarro? La réponse est probablement que le premier amplifie la pensée du second. Chose certaine, l’auteur sait mettre le doigt exactement où c’est douloureux. On s’en rend d’ailleurs compte dans les dernières pages du livre qui sont consacrées aux commentaires des lecteurs.

Le scénariste n’est pas un "grand" dessinateur. Son école est celle de la caricature. Le trait est simple ; il capte un mouvement ou une expression et cela s’avère généralement suffisant puisque l’illustration sera rapidement consommée par des internautes qui ne pinailleront pas sur un visage stoïque, un décor minimaliste ou une mise en couleurs sommaire.
Les réflexions présentées s’arrêtent au tout début de la vague des #metoo, #moiaussi et autres #balancetonporc. Parions que cette controverse alimentera ses railleries dans un éventuel tome 3.

Moyenne des chroniqueurs
6.0