Virginia Hill

E nfant de la pauvreté et de la violence familiale, Virginia Hill a rapidement compris que la fin justifie les moyens. À peine sortie de l’enfance, elle file à Chicago où elle se prostitue. Elle est tout de suite recrutée par la mafia pour laquelle elle remplit diverses missions. D’abord aux États-Unis, puis en France, en Chine et au Mexique. La reine des truands a ses entrées partout, dans la pègre comme à Hollywood. Son train de vie fastueux ne passe pas inaperçu, ce qui lui vaut d’être convoquée par une commission d’enquête sur le crime organisé à laquelle elle répond en fanfaronnant et en niant les vérités les plus criantes. Le récit présente une alternance de ces témoignages où elle ne dit rien et de retours dans le passé qui rendent compte de la réalité.

Mkdeville raconte un destin fascinant avec en toile de fond deux décennies d’affaires criminelles. L’anecdote reprend les faits saillants des dépositions devant les autorités, permettant ainsi de retracer les principaux faits d’armes de son personnage. Il évite de porter un jugement et le lecteur est libre de décider si la gangster est l’incarnation du rêve américain (partie de nulle part elle devient riche et célèbre), la personnification du féminisme (femme de tête dans une société dominée par les hommes, elle n’est soumise à personne, même si elle s’est offerte à tous), une victime (dans un univers machiste et misogyne, son corps demeure son seul outil) ou tout simplement une crapule sans morale, heureuse d’avoir eu la chance d’être jolie.

Le dessin à l’encre et au lavis de Christophe Girard se révèle nerveux, un peu comme celui de Tardi, avec lequel il a des points en commun. Il témoigne d’un réel souci de reconstitution des années 1930 et 1940 ; cela dit, l’insertion fréquente de documents d’époque (pages de journaux, publicités de Lucky Strike et de Coca-Cola, bouteille de Jack Daniel’s, etc.) détonne, d’autant plus qu’il lui arrive de redessiner ces éléments. Les planches sont généralement découpées en trois bandes, souvent de trois cases. Certaines sont cependant chargées, peut-être aurait-il été préférable d’imprimer l’album dans format légèrement plus grand.

Un point de vue très intéressant sur l’Amérique vue à travers le prisme d’une délinquante qui n’avait pas froid aux yeux.

Moyenne des chroniqueurs
7.0