Maison sans fenêtres

L a République centrafricaine est un des pays les plus pauvres de la planète et les enfants sont les premières victimes de l’indigence qui y règne. À peine scolarisés, ils sont forcés de travailler dans de rudes conditions, battus et pourquoi pas enterrés vivants lorsqu'ils sont soupçonnés de sorcellerie. Maison sans fenêtres présente une enquête sur le quotidien de ces jeunes, ceux des rues de la capitale Bangui et ceux des mines, ceux qui sont hospitalisés, mais aussi les rares qui ont le bonheur d’être hébergés à La Voix du cœur.

La démarche journalistique de Marc Ellison s’effectue dans les règles de l’art. Il fait le tour de la question en discutant avec les gamins, les intervenants sociaux, les parents et les politiciens. Il en ressort que tout le monde est démuni dans cette patrie instable où depuis soixante ans la vie politique est caractérisée par une succession de dictatures, de coups d’État et de guerres civiles. Les gouvernements se suivent et ont une chose en commun : la corruption. Cela dit, l’objectif de l’auteur n’est pas d’expliquer et de comprendre les causes. Dans ce livre coédité par Médecins sans frontières, il cherche simplement à donner la parole aux oubliés. « La République centrafricaine est un peu comme une maison sans fenêtres… or sans fenêtres, comment les gens vivant à l’extérieur pourraient avoir une idée de ce qui s’y passe ? », assure une coopérante.

L’approche graphique se révèle originale. L’album, imprimé en petit format à l’italienne, contient essentiellement de la bande dessinée, mais le lecteur y trouve aussi de nombreuses photos. Ces dernières n’apportent cependant pas grand-chose de plus à l'entreprise. Au fil des pages sont également insérés des codes QR qui conduisent à des bouts de film. Cette volonté de sortir du cadre du neuvième Art a le mérite d’être singulière, sans toutefois véritablement convaincre. Les illustrations de Didier Kassaï n’ont par ailleurs rien d’extraordinaire. Elles rendent les couleurs et les ambiances, mais sont sommaires, particulièrement les visages trop souvent rapidement esquissés.

L’ouvrage n’est pas un chef d’œuvre, mais ce n’est pas si important puisque la finalité du projet est avant tout d'offrir au lecteur l'occasion de regarder au travers des carreaux et des cases pour découvrir un univers difficilement imaginable en 2018.

Moyenne des chroniqueurs
6.0