Docteur Radar 2. Terreur en Italie

D ans Tueur de savants, Docteur Radar a terrifié la capitale française. Quand les choses ont mal tourné, il s’est enfui au pays de Mussolini où se déroulent les péripéties narrées dans Terreur en Italie. Selon certains, ce sempiternel mégalomane compte se rendre sur la lune pour bombarder la Terre jusqu’à ce qu’elle capitule et fasse de lui le maître du monde. Le chemin qui mène au totalitarisme s'avère pourtant parsemé d’embûches telles que, par exemple des policiers qui mettent des bâtons dans les roues des despotes. De Paris à Rome en passant par Turin et Milan, le rythme est soutenu et un rebondissement n’attend pas l’autre. Les gentils et les méchants se tapent dessus, se poignardent, menacent de plonger l’adversaire dans une cuve d’acide et pourquoi pas de détruire le Colisée. Bref, il y a de l’action.

Noël Simsolo offre un récit d’aventures trépidantes qui renoue avec la tradition du feuilleton populaire. Évitant de transgresser les règles du genre, il ne réinvente rien... et le fait cependant avec brio. Il n’aurait d’ailleurs pas à travailler bien fort pour transformer ce scénario en épisode de Blake et Mortimer ou d’Adèle Blanc-Sec. Son objectif semble tout simple : inviter son lecteur à passer un bon moment sans trop se casser la tête en suivant le déroulement d’une improbable enquête ponctuée de dialogues souvent caricaturaux.

L’histoire se révèle certes plaisante, mais c’est toutefois le dessin de Frédéric Bézian qui se démarque particulièrement. Fidèle à son style, l’artiste propose des illustrations anguleuses, de même qu’un trait nerveux et extrêmement fin. Ses personnages au jeu exagéré ne manquent pas de rappeler les acteurs du cinéma expressionniste allemand de l’entre-deux-guerres. Dans cet album, le Cabinet du Docteur Caligari n’est jamais loin. La composition est relativement sage ; chaque page est composée de quatre bandes, lesquelles accueillent chacune une ou trois cases, mais jamais deux.

Enfin, dans ce livre où la palette est plutôt restreinte (cinq ou six coloris très tranchés), chaque vignette est dominée par une teinte. Le découpage de chacune des planches est ainsi constitué de carrés de couleurs généralement foncés (ils seraient plus éclatants qu’on se croirait chez Piet Mondrian), sur lesquels se découpe parfois un jaune lumineux. Ainsi, au premier regard, avant même qu’il ne prenne connaissance du texte et des images, c’est la composition qui interpelle l’œil du bédéphile.

Alors que rôde un bandit machiavélique comme Fantômas et rusé comme Arsène Lupin, l’Europe des années 1920 a raison de trembler.

Moyenne des chroniqueurs
7.5