Le triangle Secret - Lacrima Christi 3. Le sceau de vérité

À Pyongyang, au cœur du palais de Cho Ihn Kyang, despote régnant sur la Corée du Nord, la situation est toujours tendue. Le Rectificateur s’attache les services d’un ascenseur et d’un hélicoptère pour s’extraire de la réserve de Lacrima Christi, chimère bactériologique pouvant éradiquer toute vie sur Terre. Flashback : dix mois plus tôt, le Vatican, qui s’est associé à Nomane et à son équipe, tente de faire parler le cadavre de l’alchimiste Biancofuori, mystérieusement conservé après huit siècles passés au fond de la Méditerranée. De disparition de preuves en messages cryptés, de la C.I.A. au jeu trouble en sociétés secrètes, les experts ont du fil à retordre et voient d’un mauvais œil le surnaturel se mêler de leurs recherches scientifiques.

Ce troisième volume de la série Lacrima Christi s’attache d’abord à une certaine continuité. Le traitre Bencivenni a réussi sa démonstration de force en répandant un échantillon de peste à l’aéroport J.F.K. Le sceau de l’alchimiste, apparemment unique pièce manquante du puzzle, est activement recherché. Mais le scénariste introduit de nouvelles quêtes : la C.I.A. n’est pas exempte de responsabilités dans l’attentat et deux confréries font leur apparition, donnant un autre éclairage sur le naufrage du Spada Di Dio. Enfin, un « obscur voyageur » est nommé. Sans être encore identifié, il est censé être le grand manipulateur.

Didier Convard, qui a écrit toutes les épopées du Triangle secret, livre encore une fois un scénario irréprochable. L’action alterne avec l’investigation, la gravité est allégée par des touches d’humour, les personnages ont tous une épaisseur narrative. La tension est maintenue par une capacité à entrouvrir des portes, à multiplier les points de vue et à diversifier les époques. Comme pour les deux premiers tomes, la temporalité du récit part d’un dénouement proche, relate les mois précédents et fait des incursions aux origines de l’intrigue, au Moyen-Âge. La virtuosité est de mise, du niveau des réalisations d’un certain Van Hamme.

Denis Falque propose également un travail de grande qualité. Le sens du détail et un parti-pris réaliste n’empêchent pas l’expressivité et la dynamique du trait. Loin du pilotage automatique, le dessinateur travaille ses cadrages avec créativité, ose des mises en page novatrices et favorise l’immersion. Espaces maritimes, intimité d’un laboratoire, campagne italienne, lignes urbaines de Rome, XIIème siècle ou monde contemporain, sont autant d’environnements où il excelle à tisser des images pertinentes pour cette histoire passionnante et à donner vie à des personnages attachants.

Au final, la qualité est toujours au rendez-vous. Les amateurs d’aventures ésotériques y trouveront leur compte. Le mystère s’épaissit, l’intrigue avance, le lecteur est toujours fortement harponné. L’épisode suivant s’appelle Le Signe ; il est d'ores et déjà attendu.

Moyenne des chroniqueurs
8.0