La guerre des Sambre - Maxime & Constance 3. Chapitre 3 - Eté 1794 : Le regard…

C e dernier volume du volet consacré à la génération "de cujus" répond à une question posée à l'ouverture de Hugo et Iris : comment deux jeunes enfants se retrouvent passés sous le rasoir national à cause de leurs yeux. Le Regard de la Veuve se positionne en pleine Terreur. Louise, l'épouse délaissée, se mortifie à l'idée de ne pas pouvoir rejoindre les émigrés alors que Maxime trace son chemin d'égoïste opportuniste à proximité de Robespierre. Josepha, la sœur martyre, trouve sa voie d'héroïne féministe révolutionnaire au côté de Théroigne de Méricourt. Mais le récit se concentre particulièrement à faire émerger deux personnalités contraires : l'ombre et la lumière, la noblesse et la veulerie. François, l'aîné des jumeaux, s'affirme contre son père, comme symbole d'une noblesse d'âme et de cœur, véritable chevalier à une époque où ces valeurs sont passées de mode. Face à lui, la jalouse Constance, qui, devenue adulte, est l'opposé de François : rongée par la haine et l'envie, elle est prête à toutes les compromissions et perversions pour obtenir celui qu'elle convoite depuis toujours.

L'univers des Sambre se base sur des passions irraisonnées, des amours tragiques et perverties où les innocents sont sacrifiés ou deviennent à leur tour des monstres. C'est effectivement le sort qui attend la douce Louise et ses enfants, une marche vers l'échafaud annoncée sur les quarts de couverture depuis le premier volume de la Guerre des Sambre. En toile de fond, la Révolution se joue dans ce qu'elle a de plus absurde, de plus passionnel et de plus tristement ridicule : la diabolisation de l'Ancien Régime, jusque dans les mots, les noms et les symboles, un extrémisme totalitaire poussé jusqu'à la caricature. Un climat fait de dénonciations, de haine, de bassesses, où le plus mauvais semble ressortir de chacun. Et c'est ainsi que Louise et François émergent de la fange avec leurs visages d'anges préraphaélites, aux couleurs pâles et pures qui tranchent avec le code noir et sang de la série.

La fin d'un cycle dans une pure tragédie, la quintessence de l'injustice et le triomphe des mauvais.

Moyenne des chroniqueurs
7.0