Dark Blood 1. Icare

P assants, vous qui passez sans le voir, sans même lui accorder un regard, méfiez-vous ! L'homme gisant sur le trottoir découvre, comme pour la première fois, son visage dans le miroir des flaques d'eau. Icare est son nom. Si le peu de ses souvenirs sont teintés de sang, le reste le laisse dans le noir. Recueilli par les services sociaux du soir, il semble lié à une série de meurtres barbares. Recherché par les uns, traqués par les autres, il a sa propre quête : sa mémoire.

Amélie Sarn (Loup) annonce la cuisson dès le début de l'ouvrage : saignante. Une confrérie de vampires modernes cherche à s'immiscer dans les hautes sphères du pouvoir et de l'économie. Un élément manque à leur accession, le mystérieux Icare. L'amnésie de cet individu central se lève au gré de flashback mais n'en demeure pas moins entachée de zones d'ombres intrigantes. Autour de lui gravitent plusieurs personnalités dont certaines se détachent clairement, même si leurs intentions demeurent assez floues. Ces ébauches demandent à s'affiner et à se préciser par la suite pour effacer leur aspect caricatural, inhérent à toute introduction. Le scénario fait pas forcément dans l'originalité mais il s'avère efficace et attractif de par le potentiel des alliances à venir et une dimension multi temporel qui fait varier les perspectives. Avec un rythme bien géré et des informations distillées progressivement, le récit capte aisément l'intérêt du lecteur.

Celui qui s'est penché sur la série de steampunk (Le régulateur) reconnait la palette de couleurs caractéristique d'Éric Moreno : prononcée, métallique à dominante violette, elle rend une ambiance crépusculaire très particulière. Il faut cependant avouer que le dessinateur n'a pas perdu ces défauts récurrents : il alterne le bon et le moins bien dans les postures et expressions un peu rigides de ses personnages. Néanmoins, la composition et les angles de vues pertinents génèrent une fluidité qui pallie les désagréments. Vampirisme et sauvagerie s'affichent sans trop d'ostentation et s'accoquinent à une pointe d'érotisme pour rattacher le récit au genre fantastico-horrifique.

Cette dose introductive de Dark blood s'annonce tout à fait digeste et intéressante, malgré un graphisme inégal qui s'éclipse face à l'esthétique générale séduisante.

Moyenne des chroniqueurs
5.0