Bouncer 10. L'Or maudit

D e retour d'une retraite chamanique quelque peu troublante, Bouncer est immédiatement sollicité pour démêler une violente empoignade qui dégénère. En réponse au meurtre sauvage de Gretel, la fille de l'horloger, les villageois de Barro-city veulent faire un exemple et s'en prennent au premier indien venu. Cette justice expéditive, qui a déjà coûté la vie à trois innocents, insupporte le bourreau manchot qui réussit tant bien que mal à calmer les ardeurs de tous. Scalper une enfant, il n'y a qu'un monstre pour infliger une telle mutilation à un être aussi pur. Cet acte effroyable coïncide avec l'arrivée d'un bonimenteur mexicain, trop poli pour être honnête...

L'or maudit entame un nouveau cycle qui prend directement sa source dans le précédent. Si Alexandro Jodorowski n'est plus au scénario, François Boucq prend la relève avec les honneurs. D'anciens personnages s'opposent à de nouveaux, charismatiques et exubérants comme depuis le début de l'aventure. De tous bords, les diverses factions dont les intérêts s'entrecroisent se lancent dans une traque doublée d'une chasse au trésor. Conventionnelle dans la mesure où elle utilise les ingrédients les plus traditionnels du genre, l'intrigue n'en reste pas moins poussée dans l'exploitation des instincts barbares et primitifs de l'Homme. Difformes dans leurs corps et tordus dans leurs esprits, cette foire aux monstres fascine. Dense et captivante, la course-poursuite effrénée met en exergue le contraste entre l'intégrité et l'innocence des uns et l'immoralité sans borne des autres. Jouant moins du burlesque et de l'adultère, mais plus sur la tension et l'amour filial, le récit installe subtilement le suspense grâce à la narration habile. En même temps que les enjeux, l'ennemi se dévoile et prend de l'ampleur pour laisser le lecteur frustré en plein cliffhanger, mais pas pour longtemps, la suite est annoncée pour mars !

Côté coup de crayon, François Boucq n'a plus rien à prouver et ce, quel que soit le genre abordé. Son trait impeccablement maîtrisé est toujours aussi impressionnant de réalisme et d'expressivité. Rehaussé de couleurs éclatantes, les décors fouillés possèdent un souffle indéniable et les protagonistes, une réelle présence. La mise en scène cinématographique, à la fois recherchée et naturelle, déroule le fil de l'histoire sans accroc.

Alliant graphisme puissant et trame solide, Bouncer se révèle assurément la meilleure série de western actuelle.

Moyenne des chroniqueurs
8.0