Vidocq (Banovic/Nolane) 2. Le complot Napoléon

F in novembre 1813, l’Empereur est de retour à Paris, après une campagne de Russie calamiteuse et des déboires Outre-Rhin. Éternel va-t-en-guerre, il organise une nouvelle conscription et lève de nouveaux impôts. Ses décisions créent de vifs mécontentements, qui pourraient aller jusqu’à la conspiration. Dans le même temps, le « surineur », protégé de Vidocq, est victime d’une machination et enfermé au dépôt de la Préfecture. Témoin de son arrestation, Mado, une prostituée, est retrouvée pendue dès le lendemain. L’ancien bagnard, chef de la Sûreté, va rapidement comprendre que derrière l’évidence des indices, peuvent se cacher des vérités compromettantes.

Après Le Suicidé de Notre-Dame (2015), paraît le second volume de la série Vidocq, Le Complot Napoléon. Richard Nolane (Wunderwaffen, Harry Dickson) fait à nouveau œuvre d’Histoire et de fiction. Partant de personnages bien connus et d’un contexte fort bien reconstitué, il noue une intrigue cohérente et plausible. Du palais des Tuileries au pavé des rues parisiennes sordides, des ors du pouvoir à la fange de la prostitution, de la communication officielle aux intrigues de cour, le lecteur voit à la fois les fractures et la cohérence de la société. Il se déplace de mensonges en dissimulations, de compromissions en assassinats.

Le dessin de Sinisa Banovic (Zodiaque tome 12), de facture classique, porte avec efficacité ce retour deux cents ans en arrière. Rues, décors, vêtements et accessoires sont rendus avec un réel souci du détail. On pourrait éventuellement reprocher à son Vidocq de ne pas avoir une identité visuelle plus marquée, mais ce serait là le seul défaut esthétique. L’album est marqué par un subtil travail sur la lumière et les ambiances.

Il est cependant regrettable que le parcours du véritable Vidocq, forçat devenu un des policiers les plus puissants de l’Empire (puis de la Restauration), ne soit pas rendu dans son originalité ou sa complexité. Il n’est, dans Le Complot Napoléon, qu’un enquêteur traditionnel et efficace, mais sans l’audace associée à son patronyme. L’ensemble est bien ficelé, mais la suite de la saga gagnerait à bâtir un héros digne de son modèle.

Moyenne des chroniqueurs
6.0