Reborn

I l y a bien autre chose après l’existence terrestre. C’est ce que découvre Bonnie en se retrouvant projetée dans un monde inconnu alors qu’elle vient de décéder, victime d’une crise cardiaque. Elle atterrit au milieu d’une guerre ancestrale et se retrouve face à son père. Elle n’a pas le temps de se remettre de sa surprise qu’elle apprend qu’elle est la Protectrice, une guerrière dont la venue est annoncée dans une prophétie, et qui doit amener la victoire au camp du bien. Pourtant, sa principale préoccupation va être la recherche de son mari, assassiné seize ans plutôt.

Mark Millar sait raconter des histoires ; c’est connu depuis longtemps. Il voudrait bien être régulièrement adapté au cinéma ou à la télévision ; il ne s’en cache pas (d'ailleurs, sa société, Millarworld, a été rachetée par Netflix en août dernier) et cela se voit de plus en plus dans ses comics. Reborn n’échappe pas à ce constat. Tout d’abord, l’univers, annoncé vaste, est à peine esquissé : seules deux régions sont présentées sans qu'aucune information sur le mode de vie de leurs habitants ne soit fournie. La quête en elle-même ouvre son lot de fils secondaires non développés, comme pour indiquer qu’il y a matière à concevoir de nombreux épisodes. Enfin, la patte Disney plane sur l’œuvre du fait du simplisme et du manichéisme dans le traitement du Bien et du Mal.

Pour autant, malgré ces raccourcis et ces facilités narratives, il est facile d’adhérer à l’aventure et de se laisser porter par ses qualités. L’idée de cette vie après la mort est bien trouvée et plutôt réjouissante. Le duo père/fille fonctionne bien et il est relativement attachant. Un peu plus d’épaisseur dans leur caractérisation aurait été appréciable, toutefois ce manque est contrebalancé par l’utile exposition du passé de l’héroïne. Les péripéties sont prenantes et efficacement gérées. Enfin, les planches de Greg Capullo, bien assisté par Jonathan Glapion à l’encrage et Fco Plascencia aux couleurs, alternent le très bon et le superbe. Dans une histoire où l’imaginaire est au pouvoir, le dessinateur semble s’en donner à cœur joie, que cela soit au niveau de la faune, de la flore, des costumes, des paysages ou encore des monstres. Son travail est très élégant et la lecture bénéficie de son découpage aéré et du dynamisme de ses cadrages.

Reborn reste un bon one-shot mais il demeure regrettable que l’auteur n’ait pas choisi le livre pour construire une série qui avait tout pour être riche et ambitieuse.

Moyenne des chroniqueurs
6.0