Les beresford 1. Mister Brown

D evant l'inconsistance de la rubrique «offres d'emploi» du journal The Times, un homme s'égare en lisant les petites annonces dans la rue bondée et... vlan ! C'est donc dans des circonstances plutôt énergiques que Tommy retrouve Tuppence, son infirmière lors de la guerre, à Londres en cette année 1919. Manifestement, ce choc entre les deux jeunes gens se révèle être un heureux hasard. L'inactivité de l'ancien soldat combinée à l'ardent désir d'aventure de son amie débouchent en effet sur une association téméraire, mais néanmoins excitante : les Young adventurers limited ! D'ailleurs, le premier client ne se fait pas attendre. Edward Whittington sollicite les partenaires, enfin, surtout la charmante donzelle, pour une affaire impliquant le torpillage du paquebot Le Lusitania, quatre ans auparavant. Pourtant, sur le lieu de rendez-vous, personne. L'enquête s'annonce ardue...

Avec Mister Brown, Emilio Van Der Zuiden adapte un autre récit d'Agatha Christie, une histoire mouvementée sur fond d'espionnage et de menace communiste. Le duo de héros s'avère rapidement sympathique. Malice, humour et clichés de l'époque se mêlent et forment un ensemble savoureux à souhaits. Les péripéties frôlent le rocambolesque et cela passe comme une fleur grâce aux personnages secondaires hauts en couleurs (tiens, un groom ! oh, un vieux russe !) et aux dialogues rafraîchissants. Le rythme est trépidant de par les rebondissements nombreux et ne laisse aucune place pour l'ennui.

L'inventivité de la composition des planches fait écho à celle des deux complices : les gaufriers côtoient régulièrement des agencements plus audacieux (jeux de miroir, absence de cadre, insertion...). La classe et l'élégance de la ligne claire, des couleurs chaudes et lumineuses associés à un aspect géométrique très franco-belge donnent un rendu assez agréable à l'œil.

Version bourrée de charme et de chic so british, Mister Brown se révèle une lecture très plaisante et redore le blason un peu désuet du roman à énigme. Certainement parmi les moins connus signés par l'auteure anglaise, Les Beresford mérite ce coup de projecteur.

Pour prolonger le plaisir, deux autres titres sortent dans cette collection :
Hercule Poirot et Miss Marple.

Moyenne des chroniqueurs
7.0