Le grand Mort 7. Dernières migrations

T andis que Pauline et Gaëlle continuent de progresser sur les routes de Bretagne frappées par le chaos, Erwan se méfie de plus en plus de Blanche. il ne sait plus quoi faire avec l'enfant « des deux mondes », surtout qu'elle a perdu le contact avec Macare et donc son frère, Sombre. Le temps est compté, la prêtresse, entre la vie et la mort, n'a pas transmis la connaissance, ce qui risque de conduire l'humanité à sa perte.

Retrouver la plume et les pinceaux de Vincent Maillé est toujours un plaisir. En constant progrès depuis Les Aquanautes et ses deux prestations sur Avant la Quête de l'oiseau du temps (La voie du Rige et Le chevalier Bragon), l'artiste continue de régaler. Qu'il peigne l'univers apocalyptique, ses habitants apeurés et livrés à eux-mêmes ou les paysages verdoyants du « petit monde » et ses peuples, le dessinateur reste précis et généreux. Très régulier dans son trait, l'auteur trouve dans les couleurs de François Lapierre le parfait complément à son dessin et son encrage travaillé.

Cette impression ressort d'autant plus qu'elle surpasse l'action et souligne la faible avancée du scénario. Au grand désespoir d'une partie du lectorat, la trame centrale prend à nouveau son temps. Blaise Djian et Régis Loisel aiment visiblement leur cadre et prennent plaisir à s'y attarder. Appuyant sur l'ambiance de fin de monde, désabusée, qu'ils ont mis quelques albums à installer, ils apprécient y laisser déambuler leurs protagonistes pour mieux faire ressortir les comportements de leur semblables. L'entraide et la patience n'ont guère leur place ici, seuls la débrouille, le chacun pour soi, la panique et la colère ressortent. Par trois fils narratifs - et autant de groupes - les scénaristes axent leur propos sur les pires agissements que ce contexte exacerbe. Et, ainsi, continuent de faire monter savamment la pression et le suspense à défaut de livrer les clés de leur intrigue.

Sur le même rythme que les précédents opus, Dernières migrations avance lentement mais sûrement vers la conclusion qui s'annonce, tout en restant aussi envoûtant graphiquement. Pour ne pas se voir sanctionné d'un « tout ça pour ça » peut-être sévère, Le Grand Mort devra être à la hauteur des attentes que ses qualités suscitent toujours et réussir son final.

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Moyenne des chroniqueurs
6.0