Les damnés de la Commune 1. À la Recherche de Lavalette

L e narrateur découvre par hasard qu’une figure de la Commune de Paris, Charles Lavallette, a habité dans son immeuble de Belleville. À la bibliothèque, dans les archives de la Ville, de la police et de l’armée, il reconstitue minutieusement la vie de cet individu qui a joué un petit rôle dans l’insurrection, mais que les historiens ont oublié. À travers son héros, le bédéiste relate, jour par jour, parfois heure par heure, les événements les plus significatifs du soulèvement, particulièrement sa violente répression par les autorités.

Il y a deux narrations dans cet ouvrage. L’une racontée dans les cartouches crème (la voix du chroniqueur), l’autre dans les cartouches blancs (celle des participants à la révolte). La première décrit la démarche du chercheur, sa quête et ses difficultés à trouver des bribes d’information; la seconde conte un chapitre charnière de l’histoire française. Au final, le bédéphile reçoit un album bien documenté, peut-être un peu longuet quand l’auteur insiste trop lourdement sur sa pratique, puis franchement intéressant lorsqu’il dévoile le quotidien des révolutionnaires.

L’élément le plus fascinant de cette entreprise est le traitement graphique. Toutes les illustrations sont tirées de gravures ou d’extraits de journaux de l’époque. Certaines sont complètes, d’autres recadrées, découpées en lamelles, disposées de telle façon qu’elles évoquent la chute, les tombes dans un cimetière ou les barreaux. Avec ce matériau forcément restreint, l’artiste accomplit le tour de force d’illustrer un récit dynamique et avec peu de redondances. La contrainte impose tout de même ses limites ; alors que certaines reproductions sont d’une qualité exceptionnelle, d’autres sont correctes, mais sans plus. L’illustrateur aurait certes pu nettoyer les images et retracer les traits effacés par le temps, mais un tel travail de reconstruction aurait été contraire à l’esprit du projet.

Raphaël Meyssan entre dans le monde de la bande dessinée par la grande porte en réalisant un exercice de style remarquable.

Moyenne des chroniqueurs
7.0