Peyi an nou

L e Bumidom... Qu'est-ce donc ? C'est en voulant faire plaisir à son grand-père malade que Jessica Oublié s'est penchée et immergée dans une enquête sur le Bureau pour le développement des Migrations des Départements d'Outre-Mer. À son évocation, cet acronyme a déclenché de nombreuses réactions disparates au sein de sa famille en Guadeloupe et grandement titillé sa curiosité. La jeune femme commence alors une vaste investigation au cours de laquelle un grand nombre de rencontres variées viendront étayer et enrichir son étude. Il en résultera un riche voyage à la fois temporel, géographique, social et économique.

De manière chronologique, l'ouvrage retrace dans le détail le minutieux travail de vérification de renseignements, de recueil de témoignages, d'interviews ainsi que de quelques moments intimes de la vie de Jessica. Elle se concentre essentiellement sur ce fameux Bumidom, agence de l'état active de 1963 à 1982, chargée de contrôler et commander le flux de migrants outre-mer. Un comparatif avec la politique migratoire d'autres pays, à la même époque, est abordée, ainsi que les diverses comportements des «victimes». Si les illustrations simples et colorées de Marie-Ange Rousseau agrémentent et aèrent le texte, rendant plus digeste le discours relativement copieux, elles n'apportent pas réellement de valeur. Le style simple au trait épais met en scène peu de décors, beaucoup de personnages en face à face et de trop rares situations familiales qui auraient pourtant dynamisé le propos. En effet, la masse conséquente d'informations finit par émousser l'attention du profane et le lasser. L'initiative reste cependant tout à fait remarquable et louable dans son intention.

Incontestablement documenté et complet sur un sujet bien précis, Peyi an nou se révèle victime des défauts de ses qualités : le lecteur, rapidement saturé, peine à arriver au bout des deux cents pages sans se demander, ça va durer encore longtemps ? L'intérêt du support en bande dessinée se pose alors.

Moyenne des chroniqueurs
4.0