40 éléphants 1. Florrie, doigts de fée

Q ue ce soit à l’usine, aux champs ou dans les rues, la Première Guerre mondiale a obligé les femmes à remplacer leurs pères, frères, maris ou fils partis au front. Mais une fois le conflit terminé, il est parfois difficile de retourner à sa routine d’antan…

Les histoires du Milieu sont légions, celles de gangs féminins beaucoup plus rares. Virginie Augustin et Kid Toussaint essayent tant que faire se peut de remédier à la chose avec 40 éléphants, version british et féminisée des 40 voleurs !
Prenant pour cadre le Londres de l’Entre Deux-Guerres, les deux auteurs imaginent les péripéties d’une mafia de quartier (Elephant Castle) composée uniquement de femmes qui après avoir investi les bas-fonds désertés par leurs hommes doivent désormais lutter pour survivre contre la police et leurs anciens seigneurs et maîtres. Ce sont ici les arcanes de leur communauté et les petits trafics auxquels elles s’adonnent qui sont contés à travers quelques-unes des figures emblématiques de cette coterie pour le moins inaccoutumée.

Comme à son habitude, Virginie Augustin recherche toujours de nouvelles voies. Sur un registre résolument plus réaliste que ses productions antérieures, la voici qui refait ses gammes informatiques en retravaillant son encrage et ses noirs sur une galerie de portraits dignes d’un digest de fiches anthropométriques de Scotland-Yard. Le résultat en est vivant à souhait et sait établir une réelle empathie (ou antipathie) envers la kyrielle de protagonistes auxquels elle doit donner vie.

Sur un sujet pour le moins atypique - mais néanmoins véridique - et un traitement qui joue sur les relations humaines plus que sur les cligffhangers, Virginie Augustin et Kid Toussaint installent une série vivifiante qui mêle habilement étude de mœurs et thriller, sans tomber dans le misérabilisme. Reste maintenant à savoir s’ils réussiront le hold-up éditorial de 2018 avec Maggie Passe-Murailles ?

Moyenne des chroniqueurs
6.0