Fante Bukowski 2. Un poète américain

F ante Bukowski est un écrivain raté. Certains diront qu’il n’est pas écrivain, mais qu’il est tout de même raté. Alors que son amie Audrey voit sa carrière démarrer, la sienne piétine. Incapable de dénicher un éditeur, l’incompris publie un recueil (une feuille A4 pliée en quatre) à compte d’auteur. Imbus de lui-même, il souhaite vendre le fascicule 8 $, mais personne n’en veut. Lorsque sa mère lui coupe les vivres, il se retrouve à la rue. La situation est en apparence désespérée, mais peut-être y a-t-il un peu de lumière au bout de son tunnel...

L’histoire racontée par l’américain Noah Van Sciver dans Fante Bukowski, un poète américain est à la fois touchante et burlesque. Le lecteur ne sait trop si le protagoniste doit être psychiatrisé ou édité, mais une chose s’avère certaine, sa descente aux enfers est habilement menée. Le récit est long, redondant, par moment ennuyeux… un peu comme la vie. Un rythme lent s’avère néanmoins judicieux pour tracer le portrait d’un être à la dérive qui n’a pratiquement plus de repères et qui se révèle particulièrement doué pour prendre les mauvaises décisions. Le personnage est arrogant et profondément antipathique, mais le scénariste le torture tellement qu’il arrive à le rendre attachant.

Les illustrations, très nerveuses, sont visiblement réalisées dans l’urgence. Il y a peu de subtilité dans cet univers où l’illustrateur va la plupart du temps à l’essentiel : quelques traits vifs pour présenter les principaux acteurs en gros plan et des décors habituellement simples. Dans cette entreprise, le bouquineur comprend rapidement que le dessin (coincé dans de toutes petites cases) est un faire-valoir et que le texte prime.

La figure de l’homme de lettres maudit, alcoolique et isolé relève certes du cliché ; celui de Noah Val Sciver ne fait pas fondamentalement exception, mais l’ironie qui se dégage du projet est intéressante.

Moyenne des chroniqueurs
6.0