Retour sur Belzagor 2. Épisode 2/2

L e groupe de scientifiques emmené par Eddie continue son périple en vue d'assister à la très attendue cérémonie de renaissance des Nildoror. Comme pour exiger un dû, la route se révèle non dépourvue de dangers et une des montures subit une attaque de mousse carnivore. Malgré l'intervention du guide, la bête est perdue. Cet événement soudain ravive le traumatisme à l'origine de son retour sur la planète. Une grave erreur de jeunesse, manifestation de supériorité indécente, l'a marqué profondément, à un point tel qu'un besoin de rédemption s'est enraciné et ne l'a plus jamais quitté. Va t-il trouver un exutoire et un sentiment de sérénité au Pays des Brumes ?

Cette seconde partie clôt le chapitre consacré à Belzagor, univers sorti de l'imaginaire de Robert Silverberg en 1970. Philippe Thiraut s'attache à faire évoluer la mentalité de ses personnages et notamment Eddie Gundersen, au travers de la culture et des interactions avec les autochtones. L'objet de la quête, la fameuse étape du développement des Nildoror, se révèle inattendue et constitue le point d'orgue de l'intrigue avec une brutalité insoupçonnée qui démontre la complexité de ces êtres dans l'expression de leur intelligence. À contrario, la psychologie des terriens, spécialement le duo féminin, affiche un manque de finesse qui influent sur leurs relations et fait jouer le suspense. Ce contraste illustre finalement la bêtise indécrottable de la plupart des humains.

Laura Zuccherri insuffle une réelle identité à ce monde extra-terrestre d'une beauté étrange et attirante, alternant les paysages tropicaux luxuriants, les montagnes arides et les déserts de cristaux. La sensualité des deux jeunes femmes a tendance à ressortir un peu trop, entachant le sérieux de leur rôle. Mais après tout, cela fait parti du charme exotique de l'histoire. La dessinatrice n'hésite pas à exprimer la violence de certaines scènes, sans se départir de son réalisme empreint de justesse.

Cette série superbement illustrée ne déçoit en rien et, si le fond du propos reste classique, il surprend cependant par sa teneur sombre. Un dyptique qui mérite sa place du côté des adaptations réussies.
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Moyenne des chroniqueurs
6.0