Jérôme K. Jérôme Bloche 26. Le couteau dans l'arbre

B abette voulait voir Venise, Jérôme l’embarque vers les Hauts de France… Quand c’est la famille qui demande de l’aide, on ne peut pas refuser, surtout que c’est pour retrouver une fugueuse de onze ans. À défaut de gondole, la balade se fera en « mob’ » (le solex est resté à Paris).

Le Jérôme K. Jérôme Bloche nouveau est arrivé ! Régulier comme un métronome, Alain Dodier propose la vingt-sixième enquête du sympathique limier-amateur de chocolat chaud. Plus près du fait divers que du dossier secret défense, Le couteau dans l’arbre est avant tout une mini-comédie humaine remplie de tendresse, d’humour et d’une gravité évidente. Oui, évidemment, le tenants et les aboutissants de la disparition de la fillette sont sérieux. Par contre, la famille et les souvenirs qui nous lient avec le passé attirent immanquablement l’attention. Jérôme revient sur les lieux de son enfance, reconnecte avec les siens et constate que le temps passe. Pour autant, aucune nostalgie dans ces pages, le scénariste a intelligemment mis au service de son intrigue les réminiscences de son héros. Résultat, même si le pot au rose est facilement prévisible, la lecture demeure prenante tout au long de l’ouvrage. De l’oncle ronchonnant à la grand-mère gâteau (et impossible d’oublier le chien !), la distribution est parfaite, tandis que les dialogues et autres taquineries échangées autour de la soupe font mouche à chaque cuillerée.

Graphiquement, Dodier est également très en forme. Tout en continuant de militer pour un découpage strict, voire sévère, il offre une leçon de lisibilité. La mise en scène au cordeau associée à un trait tout en finesse composent un tableau réaliste d’une élégance certaine. Il n’est pas question de dextérité ou de précision ultime, mais, avant tout, d’efficacité et de puissance d’évocation. Les décors, les personnages et, plus largement, les situations sonnent juste et permettent de partager avec les lecteurs ce qu’il faut d’émotion et de tension.

Très bon cru d’un genre qui devient rare sur les étales, Le couteau dans l’arbre s’avère être un excellent album d’une grande fraîcheur et d’une humanité sincère.

Moyenne des chroniqueurs
7.3