Le loup en slip 2. Le loup en slip se les gèle méchamment

T oute la forêt est en émoi... Pourquoi ? Parce que malgré son beau slip tricoté, le Loup paraît bien énervé. Il se gèle méchamment, au point de montrer les dents. C'est étonnant, même inquiétant pour tous les habitants.

Lorsqu'en 2016, le public a eu vent de l'arrivée d'une série tout public dérivée des Vieux Fourneaux, succès signé Paul Cauuet et Wilfrid Lupano chez Dargaud, d'aucuns ont fait la moue. Un coup marketing, une manière de faire de l'argent sans se fouler... Les critiques n'ont pas tardé à poindre. Aux commandes de cette création, Mayana Itoïz, illustratrice jeunesse, associée au scénariste de L'homme qui n'aimait pas les armes à feu. Ensemble, ils proposaient de donner vie au théâtre de Sophie, personnage de la série mère, avec un album plein de couleurs et de verve, bourré d'humour dénonçant le commerce de la peur.

Avec l'hiver, le loup est de retour et s'il est désormais mieux vêtu, il ne semble pas de meilleure humeur. Il va pointer ce qui le dérange dans son petit monde. L'auteur de Traquemage, plume engagée et œil critique, utilise donc son bestiaire pour dénoncer les inégalités, le « partage » des richesses et aborder la crise des migrants, tout en faisant marrer les enfants et leurs parents. Toujours colorées, s'affranchissant parfois des cases, les planches respirent et flattent la rétine. La dessinatrice joue sur les tons de saison, bleus, blancs, mais aussi mauves ou roses pour proposer des compositions élégantes. Et tandis qu'elle change de teinte au gré de l'ambiance, ses animaux, à nouveau expressifs à souhait, prennent place dans cette fable moderne. Entre fausse piste et quiproquo, ils mènent leur recherche pour découvrir ce qui arrive au Loup... Avec un certain talent, Wilfrid Lupano ménage le suspense jusqu'à l'explication qui offre une morale au double niveau de lecture, en pleine actualité.

Vivement la prochaine représentation de ce théâtre peu commun, car ce Loup en slip a décidément le don pour faire rire les petits en se moquant des travers des grands.

Moyenne des chroniqueurs
7.5