Le règne 2. Le Maître du Shrine

A ussi frêle que la branche entre ses mains, Octavia fait face à un groupe d'aurochs prêts à en découdre pour la capturer ; une belle marchandise en perspective pour ces marchands d'esclaves. Quelques têtes éclatent et des panses s'ouvrent, mais la hargne de la guéparde ne suffit plus et arrive le moment où elle est submergée. Il était temps que Pantacius et Isaac lui prêtent main forte. Ils lui proposent alors une nouvelle vie, de mercenaire certes, mais avec la liberté en prime. C'est dans ces circonstances barbares que les trois compagnons se sont rencontrés et ne se sont plus quittés. Après les années de galère et de combats, ils sont toujours aussi soudés. À présent, ils font face à la forteresse de Shrine avec au cœur, la promesse de protéger les petits orphelins et pour seul obstacle : l'offrande aux moines. Quand il n'y a rien à offrir, que donner ?

Après un tome de mise en place des bases de l'intrigue, Sylvain Runberg revient sur un passé qui a forgé les caractères et endurci les personnalités. Très peu d'indices sont cependant révélés sur l'univers impitoyable dans lequel ils évoluent. En l'absence d'éléments foncièrement novateurs pour le genre post-apocalyptique(lire la chronique du tome 1), la force du scénario réside donc dans le traitement des personnages. Charismatiques et attachants, il existe un réel plaisir à les suivre dans cet environnement hostile. Le rythme alerte fait passer la frustration provoquée par le manque d'éclairage sur cette société décadente intrigante. Avec cette cadence, les événements s’enchaînent sans accroc et avec une logique imparable. Au travers des péripéties, certaines valeurs telles que la solidarité et la vaillance sont mises en avant, sans tomber dans le prêchi-prêcha naïf.

Le graphisme d'Olivier Boiscommun s’épanouit pleinement dans le style animalier. Il transmet une réelle personnaliré à chacun de ses protagonistes. L'action omniprésente, le dynamisme est de rigueur et le dessinateur offre alors de belles chorégraphies à son petit monde. Devant tant de talent, le lecteur aurait aimé contempler plus de décors, la part belle étant faite au bestiaire expressif qui capte naturellement le regard. Quelques références se promènent par ci par là (mais où est Blacksad ?). Les couleurs douces permettent d'atténuer la brutalité des scènes de combat, un choix assumé totalement.

La fin de ce deuxième tome se révèle très ouverte ; reste à espérer que c'est de bon augure pour une suite. Il persiste un goût de trop peu au vu du potentiel de la série, les zones d'ombres demeurant nombreuses. Néanmoins, ce diptyque s'apprécie pour ce qu'il est, une aventure fantastique efficace, sombre et mouvementée et surtout, impeccablement illustrée.

Moyenne des chroniqueurs
6.0