Léviathan (Brunschwig/Ducoudray/Bossard) 2. Quelque chose sous nos pieds

T andis que les autorités tardent à mesurer les conséquences de la catastrophe et que l'armée prend possession de la ville, les Marseillais s'organisent tant bien que mal. Centre de soins improvisé, enquête sur une mort étrange, retransmission des évènements, chacun essaie d'avancer dans ce chaos. Mais alors que la menace se dévoile et que de nouveaux incidents se produisent, qu'est-ce qui va guider les actes de chacun ?

Luc Brunschwig et Aurélien Ducoudray replongent dans les pas de Léa la pédopsychiatre, Edwige l'infirmière, Marinette et Aimable le couple de youtubeurs, Rédouane l'officier de la police scientifique et Antoine l'employé des pompes funèbres. Plongés au milieu de ce tumulte, leurs personnages continuent de pallier péniblement les besoins premiers de leurs semblables ou tentent de (sur)vivre. La panique et l'inquiétude se sont désormais installées dans toute la ville et les initiatives personnelles se multiplient. Les scénaristes n'ont jamais caché leur intention et Quelque chose sous nos pieds sert de catalyseur à leur démonstration. Ils esquissent les desseins, locaux ou de plus grandes envergures, de chacun ou mettent en avant les réactions, qu'elles soient individualistes ou altruistes. Les natures profondes sont révélées, les travers comme les peurs mis à jour. Par une narration éclatée, faite d'allers-retours temporels, les auteurs ajoutent de l'épaisseur à leurs héros et, petit à petit, le puzzle de leur trame prend forme. Plus sombre que le premier acte, ce deuxième tome matérialise le dangers à venir, en dessine les conséquences et place chaque protagoniste dans une situation difficile dont les développements restent incertains.

Florent Bossard continue son évolution, adoptant un trait de plus en plus lâché. Ses physionomies ne sont pas sans rappeler certains artistes américains comme Sean Phillips (avec Criminal), Mickaël Lark (pour Lazarus) ou R. M. Guéra (dans Scalped). Jouant parfaitement avec le contexte inquiétant imaginé par ses comparses, il apporte un soin particulier aux couleurs pour poser des ambiances oppressantes et tragiques. De même, à la manière de Darius Khondji (Delicatessen, Se7en ou The Lost City of Z), le dessinateur n'hésite pas à utiliser la lumière et le contraste afin de prolonger un peu plus ces atmosphères marquées. L'ensemble donne une vraie personnalité à ses planches et permet d'identifier la série au premier coup d'œil.

Récit de fin du monde ou chronique sociétale, Leviathan n'a certainement pas livré tous ses secrets. Mais une chose est sûre, cette aventure n'a pas fini d'angoisser autant qu'elle fascine.

Lire la chronique du tome 1.

Moyenne des chroniqueurs
7.0