Le réseau Mirabelle Opération Boomerang

A u plus fort de la Seconde Guerre Mondiale, Hitler doit se rendre à Lyon. Il est attendu fébrilement par Klaus Barbare, le maître de la Gestapo locale. Depuis Londres, De Gaulle et Churchill veulent profiter de cette occasion pour assassiner le Führer. Les Américains mettent à leur disposition un commando de quatre excités, tirant sur tout ce qui bouge. La logistique doit être assurée par le réseau de résistants dit Mirabelle. Mais ce dernier a été démantelé et se résume désormais à deux compagnons sympathiques et gaffeurs, Gaston Berthier et Henri Morel. La sérénité de Cruchon-sur-Cotivet va être mise à mal.

Cet album est sans prétention et doit être lu comme tel. Le but est de produire une histoire plaisante truffée de références, notamment à des films et acteurs ayant marqué les années 60 et 70. Les 12 salopards (1967) et la trilogie de La septième compagnie (1973 – 1977) forment ainsi l’ossature de l’album. Le dessinateur, Philippe Loirat, illustrateur polyvalent, nouveau venu dans le neuvième Art, caricature ainsi avec brio Lee Marvin, Charles Bronson, Jess Hahn et autres Jean Lefebvre. Par ailleurs, il montre une réelle aisance dans le cadrage, les visages ahuris, les plans larges et la colorisation.

Philippe Chanoinat, qui s’est notamment attelé à l’adaptation en bande dessinée de plusieurs classiques de la littérature, signe ici une jolie farce, assombrie épisodiquement par des moments plus lourds, qu’il emprunte à l’univers grinçant de Quentin Tarantino (l’interrogatoire du résistant Letellier évoquant la fameuse scène d'ouverture d’Inglorious Basterds). L’accumulation de cadavres est aussi un clin d’œil au célèbre réalisateur.

Avec de l’humour et de l’action, la lecture du Réseau Mirabelle, rapide et agréable, ne révolutionne rien et n’en a probablement pas l'ambition. Reste à voir si les frasques de Berthier et Morel trouveront leur public. Le jeu des allusions exclut les plus jeunes et il n’est pas certain que les sexagénaires, qui maîtrisent cet arrière-plan culturel, fréquentent assidûment ce style léger.

Moyenne des chroniqueurs
5.0