L'extraordinaire Voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea L'Extraordinaire Voyage du fakir…

A jatashatru Lavash Patel, un pseudo-fakir beau parleur et habile de ses mains (surveillez vos valeurs), se rend chez IKEA pour se procurer une planche à clous. Pas de bol, son modèle de prédilection est en rupture de stock et le réapprovisionnement n'est pas prévu avant le lendemain. Autant rester sur place et passer la nuit dans le magasin, en étant discret, ça devrait pouvoir se faire. Finalement, non. Ce petit contretemps va provoquer une épopée indescriptible à travers toute l’Europe.

Phénomène éditorial, L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikéa est un roman signé de Romain Puértolas sorti en 2013. Certainement attiré par son titre à rallonge, Zidrou en propose une adaptation BD avec le néophyte Kyung Eun Park aux pinceaux. Récit dans l’air du temps, la folle équipée de Patel surfe sur des sujets d’actualité (crise des migrants, xénophobie, Brexit) dans un mélange abracadabrantesque de situations à la limite de l’absurde. À la frontière entre les délires façon Terry Gilliam et la bonhomie des livres d’Arto Paasilinna, le scénario allonge scènes improbables et enchaînements invraisemblables. L’ensemble est soutenu par un héros à l’aplomb inoxydable et à la langue bien pendue. Immanquablement drôle et piquant, quoiqu’un peu béni-oui-oui par moments, l’album se dévore d'une seule traite.

Facétie du mondialisme, quand un Coréen vient en France pour apprendre à faire de la BD, il peut en résulter un trait à la Jack Davis ou Mort Drucker ! Réalisme ou caricature, Park n’a pas vraiment choisi et son style riche et lâché fait mouche. Passé outre les quelques erreurs de proportions ou de mise en scène, la copie rendue se montre tout à fait remarquable. Parfaitement à l’unisson avec l’histoire, ses planches fourmillent de détails, tandis que les protagonistes affichent tous des rictus élastiques impressionnants.

Fable débridée n’offrant aucun répit, L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikéa mise tout sur l’audace et une continuelle enchère dramatique que seule une morale finale un peu (beaucoup) convenue arrive à dompter. Attachez bien votre turban et accrochez-vous, ça va décoiffer !

Moyenne des chroniqueurs
5.7