The regiment - L'Histoire vraie du SAS 1. Livre 1

C 'est souvent par une coïncidence, un accident que commencent les plus grandes histoires. Cloué sur son lit d'hôpital plusieurs semaines, le Capitaine David Stirling formalise la nécessité pour la Grande Bretagne de créer un corps d'élite de parachutistes, afin de passer derrière les lignes ennemies pour détruire le plus d'appareils. Fin 1940, grâce à l'accord du Général Ritchie, l'unité des « Special Air Service » voyait le jour. Un Capitaine, six officiers et soixante hommes pour remplir les missions les plus périlleuses dans le désert égyptien : l'aventure pouvait commencer...

Vincent Brugeas connaît son affaire et si la postérité retient l'écossais David Stirling et l'irlandais Blair Mayne dans l'arbre généalogique des S.A.S., le scénariste, lui, n'oublie pas de leur accoler l'australien Jock Lewes. Ainsi constitué, ce trio de gradés lui servira de base pour conter la vie de ces commandos. Car au lieu de tresser par le menu leurs innombrables faits d'armes, l'auteur de Block 109 et Le Roy des Ribauds s'attache à une histoire de personnes, d'amitié et de loyauté. Les caractéristiques de ses protagonistes sont évidentes dès les premières pages : volonté, sens du devoir et une légère tendance à l'insubordination. Mais ces combattants n'en sont pas pour autant casse-cou et leur charisme permet de facilement se prendre au jeu et leur emboîter le pas. Très documenté, l'auteur n'en oublie pas de rendre son intrigue attractive, utilisant aussi bien le contexte géographique et politique que les tensions et les réticences internes auxquelles ses héros devront faire face. Les ingrédients réunis - désert, soldats, guerre et obstacles - sont intelligemment agencés pour rendre ce récit historique romancé prenant. Du grand spectacle qui sent la poudre et la sueur, qui évite de tomber dans la leçon militaire malgré la matière à disposition.

De son côté, Thomas Legrain souhaitait s'émanciper de Sisco et n'a pas attendu trop longtemps pour que son éditeur, Gauthier van Meerbeeck, lui propose un projet et lui trouve un complice. Jouant sur ses points forts (trait à tendance réaliste, décors soignés et mise en page efficace), le dessinateur s'applique sur chaque case. Il maîtrise les scènes d'action, met en avant les séquences par des compositions aussi lisibles que bien pensées et fait même preuve d'audace sur quelques découpages. Seul bémol, une trop grande ressemblance entre certains personnages qui freine parfois la lecture, mais rien de vraiment rédhibitoire.

The Regiment s'offre une belle entrée en matière avec ce premier opus. Une nouvelle série d'aventure qui honore et met en lumière les hommes derrière l'institution.

Moyenne des chroniqueurs
6.5