Jazz Maynard 6. Trois corbeaux

S ale temps pour les enfants d'El Raval. À Reykjavik, les coups sont froids et marquent les corps qu’aucun soleil ne vient réchauffer. Il est grand temps de songer à rentrer, mais avant, il est un contrat à honorer, un ami à sauver et un passé à solder.

Trompettiste des plus doués et cambrioleur de génie, Jazz promène sa désinvolture et une éthique basée sur l’amitié virile, l’amour des jolies femmes et le plaisir du beau geste… le tout enrobé d’une pointe d’anticonformisme pour les systèmes en place.

Sur Les Trois corbeaux, Raule n’épargne rien à Jazz et Teo, les met physiquement dans le rouge et les plonge dans des situations à la limite du crédible. Ainsi, subtilement, l'enfance new-yorkaise de Jazz se dévoile à la simple évocation de son nom au cours d’un passage à tabac musclé et donne à comprendre le pourquoi de certaines inimitiés familiales. De révélations en explications, le fil de l’histoire apparaît progressivement au sein d’une débauche d’adrénaline pour s’acheminer vers un final apaisé. Toutefois, ne s’en tenir qu’au scénario serait injuste pour le travail de Roger. Maîtriser parfaitement l’enchainement des séquences, privilégier l’angle juste ou savoir donner la vitesse adéquate à un mouvement apparaissent ici comme une évidence, mais trahissent un talent graphique peu commun. À cela s’ajoutent un toucher dans l’encrage, une intensité dans les noirs, qui rendent chaque planche reconnaissable entre mille et… la couleur nullement indispensable.

Fin de la parenthèse islandaise pour deux héros qui n’aspirent désormais plus qu’à revoir Barcelone, mais cela, c’est une autre histoire !

Moyenne des chroniqueurs
6.3