Liaisons Dangereuses - Préliminaires 1. L'Espoir & la Vanité

S ébastien Valmont souffre de violentes crises d’épilepsie qui lui valent d’être négligé par son père et surprotégé par sa mère. Par hasard, et à sa grande surprise, la magnifique comtesse de Senanges le prend pour son aile. Celle qui est aussi la maîtresse de son aïeul va l’initier aux joutes amoureuses et lui faire découvrir les arcanes et les règles de la haute société. Mais ce qui n’est qu’un jeu pour le jeune Sébastien n’est pas sans risque ; il pourrait bien l’apprendre à ses dépens.

Stéphane Betbeder se lance dans le projet original : une préquelle des Liaisons dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos. Il décide d’imaginer la jeunesse du vicomte de Valmont et de la marquise de Merteuil pour décrire comment ces deux êtres en sont venus à un niveau de perversité, de libertinage et de vice qui les mènera à leur perte. Le scénariste convie le lecteur dans l’aristocratie du dix-huitième siècle où les écarts en matière de mœurs prennent des atours variés tels que partie de plaisir, sensualité, principes de dévergondage et de dissipation, liberté de ton et de parole, etc. L’adolescent, jusque-là tenu à l’écart du monde, est initié à ces oppositions intellectuelles et à ces jeux de séduction et de pouvoir. Son mentor n’aura de cesse de lui rappeler que tous jouent un rôle car le libertin doit se masquer en permanence, l'hypocrisie étant une ligne de conduite.

L’histoire est plaisamment racontée, les protagonistes dignes d'intérêt, mais les enjeux sont ténus et les variations de rythme rares. Le potentiel d’attraction est réel mais peine à se développer. Il aurait sans doute plus de pages pour prendre pleinement part à ce bal des sentiments et des émotions, afin de partager l’évolution de ce gamin maladif. Heureusement, le travail de Djief vient atténuer ce sentiment de mise en retrait. Les personnages sont agréablement caractérisés, tandis que le soin apporté aux costumes et aux décors ainsi qu’à la colorisation confère chaleur et consistance aux ambiances.

Malgré un manque d’épaisseur, ce premier tome (sur deux) n’en demeure pas moins bien construit et divertissant.

Moyenne des chroniqueurs
6.0