Bloodshot U.S.A.

L ’entreprise privée Projet Rising Spirit œuvre dans la sécurité et l’armement et veut accroître ses profits en devenant le seul fournisseur de l’État. Dans ce but, elle développe des nanites-virus qu’elle diffuse sur la ville de New-York, transformant les personnes inoculées en combattants indestructibles dénués de volonté sauf celle de tout détruire. Une fois l’impuissance des forces conventionnelles ou de super-héros avérée, une intervention neutralisant la menace démontrera tout leur savoir-faire - la société a, bien entendu, développé un « remède » -, et permettra de faire main-basse sur les marchés du Pentagone. Bloodshot, accompagné de trois autres fruits d’expériences antérieures sur les nanites, est appelé à la rescousse.

Depuis le retour de Valiant Comics, c’est Jeff Lemire, un des auteurs les plus remarqués outre-Atlantique, qui s’est chargé de la renaissance de l’emblématique Bloodshot. L’auteur canadien rebondit sur la situation qu’il a créée à la fin du quatrième tome de la série Bloodshot Reborn. Il ne fait pas spécialement dans la dentelle, livrant ici un récit d’action trépidant dans lequel le rythme faiblit rarement. Lemire connaît bien son boulot, installant assez vite enjeux et tension pour appâter le lecteur et le ferrer ensuite par des séquences de combats dignes de l’Armageddon dans lesquelles il invite d’autres personnages (Livewire et Ninjak) des séries Valiant.

Bon, bien évidemment, avec un héros qui n’est pas sans rappeler Wolverine par son apparente invulnérabilité ou sa colère d’avoir été transformé en arme de destruction massive, celui qui s’aventure dans ce type d’univers doit avoir fait sien le concept de mise entre parenthèse consentie de son incrédulité. Le scénariste va même chercher à tester l’étendue de l’adhésion à cette notion, ne faisant pas précisément dans la subtilité en ce qui concerne l’élément moteur de son intrigue, à savoir la résurrection de Kay, la géomancienne (mais où est donc son protecteur, le guerrier éternel ?), et la manière dont sera résolue l’affaire. Les nanites permettent bien des choses tout de même ! Toutefois, en passant outre ce point, cet épisode est divertissant et prenant, d’autant plus que les planches du chevronné Doug Braithwaite sont de qualité. La mise en scène toute en fluidité contribue au dynamisme recherché par le scénariste.

Au final, ce n’est qu'un blockbuster, mais un bon, de ceux qui font passer un agréable moment sans regretter – ni culpabiliser – d’avoir perdu du temps pour « ça ».

Moyenne des chroniqueurs
6.0