William Adams, Samouraï 2. Kurofune

C e n'est pas le temps passé à un endroit donné qui fait qu'un être se sent chez lui, non, il faut bien plus. William Adams est anglais, mais marin avant tout. Échoué, puis ancré de force sur une île où rien ne le retient, le prisonnier du seigneur Tokugawa a tout tenté pour s'enfuir, jusqu'à bafouer son code d'honneur et même tuer des innocents. L'âme souillée et le cœur au bord des lèvres, il n'a d'autre choix que de suivre l'homme de guerre, ce samouraï à poigne de fer et à l'esprit complexe qui cherche à renverser le shogun. Que ressortira-t-il de cette cohabitation forcée ?

Mathieu Mariolle resserre l'intrigue pour mettre en scène un face à face des plus intéressants. Sans la colère qui l'aveuglait et libéré de ses a priori, William ressent, observe, s'ouvre et finit par comprendre l'attitude du général japonais. Entre admiration et aversion, l'ambivalence des sentiments du gaijin évolue subtilement. Le lecteur assiste, captivé, à l'essoufflement de son combat intérieur, à l'apaisement spirituel et à l'ouverture du dialogue avec, en toile de fond, la lutte intestine pour la prise de pouvoir. Le rythme est bien géré, intégrant intelligemment des ressorts dramatiques (l'attirance pour Tsukihume, les tourments de ses crimes et les alliance politiques houleuses).

Le style âpre de Nicolas Genzianella convient parfaitement au sérieux du sujet. Le trait fin, combiné à la densité de l'encrage et au travail des hachures, accorde à l'ambiance la tension attendue. La scène de bataille finale est impeccablement orchestrée et dégage un réel souffle épique.

Ce pan d'histoire puissamment illustré offre une superbe confrontation entre deux personnalités contrastées, une très belle étude psychologique et plus que tout, humaine.

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