Wayward 2. Les Liens qui unissent

T rois mois après la bataille qui a séparé Rori et Shirai d'une part et Ayane et Nikaido d'autre part, la vie a repris son cours à Tokyo. Tous les élèves retournent sagement à l'école, évoquant de loin en loin ce qu'il s'est passé ce soir-là, la disparition de « l'étrangère » et de son nouvel ami. Tous sauf Emi Ohara... Taciturne et solitaire, cette adolescente japonaise modèle semble elle aussi disposer de capacités étranges. Tandis que Nurarihyon, qui a survécu à l'explosion, rassemble ses forces et tente de nouer des alliances, la ville se prépare pour l'Obon, le festival des morts. Les jeunes gens doivent en profiter pour en appréhender leurs dons et leurs implications.

Pour ouvrir Les Liens qui unissent, Jim Zub n'hésite pas à reprendre la structure d'Un nouveau départ. Emi remplace Rori et découvre à son tour ses pouvoirs avant d'être menacée ; elle ne devra sa survie qu'à l'intervention d'Ayane. Une fois cette mise en place effectuée, en décrivant au passage le quotidien fait de routine et de devoirs d'une écolière tokyoïte, l'auteur ne perd pas de temps et plonge au cœur de l'action. Il dévoile l'éventail des forces qui se dressent face à ses héros et, même s'il ménage le suspens quant au rôle réel de ces derniers, présente suffisamment de révélations pour accrocher. Nombreuses - peut-être même trop tant l'étendue de l'univers représenté semble large -, ces informations viennent étoffer une trame de plus en plus prenante et originale. Les Yokais et plus généralement le folklore japonais sont visiblement une source d'inspiration incroyable et offrent un foisonnement de personnages et de pistes intéressants. Toutefois, le scénariste de Pathfinder parvient, en gérant parfaitement le rythme, à se montrer instructif sans tomber dans un côté didactique qui aurait pu lasser et garder du mystère sans être hermétique. Les affrontements, les rebondissements et la curiosité suscitée par son intrigue, ajoutés à une caractérisation des protagonistes réussie, rendent son récit attrayant. Il s'avère difficile au final de ne pas s'intéresser à leur devenir et s'inquiéter de la suite des événements.

De plus, le travail de Steven Cummings et de ses coloristes est totalement au niveau. Qu'il peigne le Tokyo des temples et des lieux connus ou le souterrain et les coins ignorés des touristes, l'artiste s'en sort à merveille. Son trait est généreux, précis et même si un abus d'yeux et de bouches grands ouverts peut être relevé, l'ensemble est plaisant. Le dessinateur apporte un soin particulier à sa mise en scène, notamment pour le combat en fin d'ouvrage, et reste lisible malgré la quantité d'échanges entre les personnages grâce à un lettrage étudié.

Enfin, l'album est conclu par un copieux dossier très instructif regorgeant d'informations complémentaires sur les légendes à l'origine de la série.

Les liens qui unissent enrichit l'intrigue et le casting, dévoile un peu plus les enjeux et continue de développer un contexte magique et envoûtant. En ce sens, il confirme amplement l'essai du premier tome et ouvre l'appétit pour la suite. Le cinquième volume est attendu pour fin novembre outre-Atlantique : à quand le troisième en France ?

Lire la chronique du tome 1.

Moyenne des chroniqueurs
7.0