Petite maman

L ’enfance de Brenda n’est pas celle à laquelle tout enfant devrait avoir droit. Humiliée et violentée par son beau-père, délaissée par sa trop jeune mère, elle se construit, seule, dans la souffrance et la culpabilité…

Véritable documentaire qui prend le crayon là où d’autres utilisent un micro et/ou une caméra Petite maman fait œuvre de tact pour aborder un sujet aussi douloureux que délicat. S’il est difficile de filmer ce que l’on subodore, il est plus facile de le dessiner avec toute l’intégrité morale que cela implique, et en cela cet album est un petit bijou d’équilibre et de psychologie. Ceux qui rechercheraient un plaidoyer larmoyant ou racoleur sur des drames qui se jouent à huis clos à un bloc, une rue ou même une porte, en seront pour leur frais. Halim Mahmoudi - en observateur discret - s’abstient de tout jugement à l’emporte-pièce et reconstitue avec compassion et douceur, mais sans occulter la douleur des coups et la violence des mots, la complexe résilience d’une enfant devenue la souffre-douleur expiatoire d’exactions banalisées par le quotidien.

Pleine d’espoir, cette chronique sociale que l’on souhaiterait n’être que de pure fiction interroge surtout sur notre capacité collective à ne pas vouloir voir, à ne pas savoir oser ou à refuser de s’imaginer un inimaginable qui chaque année fait plus de 98.000 jeunes victimes.

Moyenne des chroniqueurs
7.0