L'Île errante 1. Tome 1

À la mort de son grand-père, Mikura Amelia reprend seule les rênes de leur petite entreprise de courrier aérien. Aux commandes d’un vieux coucou, elle couvre bon an mal an trois îles isolées de l’Archipel Nippon. En triant les papiers de son pépé, elle tombe sur un copieux dossier décrivant Electriceit, apparemment un îlot perdu quelque part dans le Pacifique. Problème, ce territoire n’apparaît sur aucune carte et seuls quelques marins semblent en avoir entendu parler. Lubie de vieillard ? Légende pour faire peur aux enfants ? Dans le doute et le deuil, la jeune femme décide d’aller voir de quoi il en retourne. Selon les documents de navigation qu’elle a trouvés, la zone à couvrir n’est pas si importante que ça.

La mer, le ciel, un vague mystère, une héroïne délurée et solitaire, Kenji Tsuruta a imaginé une histoire toute simple, mais nullement simpliste. Contemplatif et quasiment poétique, L’ Île errante s’avère également être un récit psychologique très fin et, globalement, une métaphore sur la vie. N’en jetez plus, la barque est pleine ! Au centre des débats, Mikura, une cousine pas si éloignée que ça d’Adler, semble avoir trouvé une raison d’avancer avec Electriciteit. Être digne de son aïeul évidemment et se prouver à elle-même et à la terre entière qu’elle est capable de mener l’existence qu’elle a choisie.

Précis avec ce qu’il faut de fragilité, le trait de Tsuruta possède toutes les qualités pour dépeindre cette quête initiatique assaisonnée aux saveurs « prattiennes ». Une dualité du style qui est parfaitement exploitée dans les innombrables portraits de la protagoniste principale (souvent très légèrement vêtue). Lascive et s’abandonnant, celle-ci aurait pu ressembler à une pin-up de bombardier. À la place, c’est sa délicatesse et son espièglerie qui dominent. Elle sait et fait ce qu’elle veut et c’est bien elle qui tient le manche à balai de son biplan. Et s’il le faut, elle n’hésite pas à mettre les mains dans le cambouis pour le rafistoler.

De la grande aventure racontée d’une façon faussement minimaliste, L’Île errante est un petit bijou de sensibilité et de fraîcheur. Bon vol ; attention aux turbulences !

Moyenne des chroniqueurs
7.0