Je ne suis pas d'ici

E un-mee quitte sa Corée natale pour venir étudier en France. Le choc culturel est immense, violent, mais à force de travail et d’abnégation, elle sera finalement acceptée à l’École européenne supérieure de l’Image d’Angoulême. Au terme de sa formation, son retour dans son pays d’origine va se révéler au moins aussi difficile.

Autofiction quasiment autobiographique, Je ne suis pas d’ici retrace fidèlement le séjour de l’autrice dans l’Hexagone. Passée la première impression, elle décrit précisément ses états d’âmes et ce sentiment désespérant de perdre son identité alors qu’elle fait tout son possible pour se fondre au sein d’une société nouvelle et tellement différente. Les grands étonnements, les petites victoires, les maladresses ; les semaines et les mois défilent sans que les doutes disparaissent. Elle devra se faire une raison, spécialement quand elle se retrouve dans un Séoul qui ne l’a pas attendu, son enrichissement personnel l’a changée à jamais. C’est le blues de l’expatrié, de celui qui a osé casser les barrières et les codes pour aller au-delà de l’horizon.

Graphiquement, le résultat prouve bien que la dessinatrice a parfaitement digéré ses leçons de BD occidentale ! Pour un premier album, le style s’avère extrêmement assuré. Les planches regorgent de détails et de précisions. Dans le même temps, le choix artistique de se passer d’encrage – et donc de figer le trait - se montre particulièrement judicieux. La fragilité et l’incertitude de l’artiste ne cessent d’être présent jusqu’à la dernière page.

Œuvre profondément touchante d’une grande sensibilité, Je ne suis pas d’ici est une lecture à conseiller à à tous les candidats à l’émigration (qu’il soit temporaire ou définitif).

Moyenne des chroniqueurs
7.0