All Star Batman 1. Mon pire ennemi

B atman doit conduire Double-Face dans une prison loin de Gotham, une balade de 800 kilomètres. Peu enthousiaste, le bandit menace de se servir d’une de ses inventions qui lui permettra de dénoncer les penchants criminels de chacun des habitants de la métropole du crime. Il offre par ailleurs une importante récompense à quiconque le libérera. Deux tueurs à gages, Firefly et Killer Moth relèveront le défi, mais ils ne sont pas seuls. Black Spider, Killer Crow, King Shark, Amygdale, Cheshire, Crotale... En fait, tout le monde, incluant les serveuses de casse-croûte, se transforme en chasseur de prime. L’homme chauve-souris résiste aux assauts avec ses poings, son couteau, ses bats-griffes et même sa tronçonneuse.

Scott Snyder est un jeune routier du comic. Il a du métier dans l’univers des superhéros en général (Iron Man, Swamp Thing, Superman) et dans celui du chevalier noir en particulier (Batman Saga, Batman Eternal, Batman Univers). Aux commandes de la série pendant plusieurs années, il souhaite maintenant dépoussiérer le mythe, mais l’entreprise se révèle particulièrement laborieuse. Le lecteur est rapidement étourdi par cette histoire déconstruite où se multiplient les « deux heures plus tôt », « deux jours plus tôt », « quarante-huit heures plus tard », quand ce n’est pas « deux mois plus tôt ». Le rythme est effréné, les méchants font un petit tour et puis s’en vont aussi vite qu’ils sont apparus. L’épisode propose tout de même de belles choses, notamment l’exploration des liens unissant Bruce Wayne et Harvey Dent depuis l’enfance.

Au dessin, John Romita (Hulk, Daredevil, Spiderman) et Declan Shalvey (Injection, Deadpool, Avengers) s’échangent les pinceaux sans que cela ne soit malheureux. Les illustrations respectent les codes du genre : combats dynamiques, vilains hideux, effets graphiques spectaculaires (entre autres quand le paladin perd partiellement la vue) et composition des pages souvent sophistiquée. Bref, c’est du travail soigné et professionnel. Curiosité : il y a de la réalité augmentée dans cette bande dessinée. Lorsqu’ils entrent en scène, les personnages sont présentés à l’aide d’une courte fiche d’information, lors d’un pugilat, une flèche pointe, par exemple sur l’épaule de la KGBête, pour indiquer qu’il s’y trouve de la « fibre musculaire améliorée pour réflexes rapides ».

Le point de départ de cette aventure demeure intéressant, le résultat s’avère cependant brouillon ; le héros est englué dans un récit inutilement complexe et déconcertant pour le bédéphile qui ne suit pas assidûment toutes les péripéties du protagoniste. Alfred, il faut tirer Bruce de ce bourbier.

Moyenne des chroniqueurs
5.0