Valérian par... 2. Shingouzlooz Inc.

M onsieur Albert a décidé de se faire du Shingouz, juste histoire de passer ses nerfs pendant que Valérian se frotte aux joies du trading quantique et que Laureline voit vendre ses charmes bien malgré elle !

Après Manu Larcenet, voici que le duo Lupano & Lauffray s’offre une variation sur un thème cher à Pierre Christin et Jean-Claude Mézières. Mais après un été saturé par Besson et sa Cité des mille planètes, n’est-ce pas trop ?

En propos liminaire, il convient de préciser que ce Shingouzlooz Inc. doit être lu avec curiosité et non pas avec nostalgie. Cette précaution prise, rien ne s’oppose à apprécier la façon dont Wilfrid Lupano s’empare de l’univers développé par son aîné. Dès lors, deux manières d’appréhender la prestation s'offrent au lecteur : l’une, critique, considère que l’exercice vire aux figures imposées et au plagiat sans réelle saveur ; l’autre se délecte de l’irrévérencieuse densité du récit proposé. Cocktail de références cuisinées aux goûts du jour par un scénariste qui connait assez ses classiques pour surfer sur les polémiques du temps et se permettre de nombreux clins d’œil, souvent humoristiques. De même, avec un trait semi-réaliste qui s’adonne occasionnellement au comique sans surjouer et qui sait parfaitement remplir les grands vides intergalactiques de créatures gigantesques, Matthieu Lauffray rend une copie plus que probante, surtout lorsqu’il s’attaque à la plastique de Laureline. Alors, effectivement, la partition graphique est différente de celle de Jean-Claude Mézières, mais encore heureux puisque la finalité de la chose est de digresser librement et non pas de plagier...

Fidèle dans l’esprit, mais différent dans la lettre, ce nouvel opus de Valérian par… démontre qu’avec du vieux, il est toujours possible de faire du neuf… à condition de le réaliser, comme ici, avec talent.