Corto Maltese (2015 - Couleur format normal) 14. Équatoria

J uan Díaz Canales et Rubén Pellejero remettent le couvert avec Équatoria, leur deuxième Corto. Quelques figures historiques de bonne réputation, une brochette de jolies femmes plus ou moins en détresse et un héros faussement flegmatique crapahutent ou naviguent entre Méditerranée et Afrique équatoriale sur la piste d’un hypothétique trésor à l’aura mystique. Les ingrédients sont au rendez-vous et la recette se monte quasiment toute seule. Youpie, l’aventure redémarre.

Au premier regard, il n’y a vraiment rien à reprocher au scénariste. Son histoire est honnêtement boulonnée, avec ce qu’il faut de suspens et de rebondissements. Les pistes sont souvent fausses et les références culturelles juste cryptiques comme il faut. En bon professionnel, Díaz Canales fait ce qu’on attend de lui : un récit « prattien » et c’est bien là où le bât blesse. Ersatz appliqué, Équatoria s’avère rapidement désincarné et sans âme. À force de vouloir coller au style du maître de Rimini, le créateur de Blacksad ne réalise qu’une imitation sonnant creux, malgré toutes les attentions portées à son habillage.

Graphiquement, Pellejero s’en tire un peu mieux, à condition, toutefois, que le lecteur parvienne à faire abstraction des innombrables vues du profil du héros, avec ou sans clope au bec et le regard tourné vers l’horizon. Un peu coincé par un découpage pensé avant tout pour respecter le canon, il réussit, trop rarement malheureusement, à donner un peu de personnalité aux planches. Une fois encore, le dessinateur est avant tout là pour mettre en valeur le Maltais et seulement après au service de son art.

À l’image de ces éternels remakes ou reboots qu’Hollywood aime déverser sur les écrans, Équatoria remplit très bien sa part du contrat. En revanche, pour ce qui est d’un quelconque souffle épique ou d’un soupçon de poésie, mieux veut aller regarder ailleurs.

Moyenne des chroniqueurs
5.0