Là où naît la brume

J osh, un marin français, a fait le tour de la Terre avant d’être congédié. Il se lance dans une quête de ses origines qui l’amène au bout du monde, dans un coin perdu de Terre-Neuve où il espère retrouver son père, un homme brutal. Le gaillard ne l’a pas eu facile. Au point d'avoir du mal à croire qu’on puisse lui porter quelque intérêt, même si les avances de Ruthie-Jane sont explicites : « Une jolie fille, quand elle m’adresse la parole avec ce sourire, je me dis toujours qu’elle a pitié de moi. »

Christian Perrissin propose un récit minimaliste ; le rythme est lent et il se passe peu de choses dans cet album. Et pourtant. Avec pour tout bagage son spleen, son vague-à-l’âme et ses insécurités, le protagoniste s’avère vrai et attachant. La nouvelle est elliptique et les scènes s’enchaînent parfois abruptement ; il est d’ailleurs inutile de chercher une montée dramatique, car il n’y en a pas, ou si peu. Pour tout dire, le scénario est succinct, mais c’est qu’il faut du temps pour explorer la psyché d’un écorché vif. Par petites touches, avec peu de dialogues et beaucoup de silences, l’auteur y parvient plutôt bien.

Le dessin de Christophe Gaultier rappelle par moment celui de Miles Hyman. Les illustrations sont très statiques, un peu comme s'il avait capté un instant sans l’inscrire dans un avant et un après. Le peu d’expressivité de ses personnages ajoute à l’impression qu’ils ne seront jamais maîtres de leurs destins, que leur vie est une fatalité et qu’ils n’y peuvent rien. Enfin, les couleurs terreuses de Marie galopin accentuent la mélancolie de l’ensemble.

Une histoire profondément sombre, mais racontée avec intelligence. Se lit peut-être trop vite.

Moyenne des chroniqueurs
7.0