Hedge Fund 4. L'héritière aux vingt milliards

F ranck Carvale était ambitieux, sans scrupules, et il s’est fait pincer lors de la crise des subprimes. Il se croyait important, mais finalement c’est lui qui a payé pour les autres. Il a purgé une peine de prison. La leçon comprise, dorénavant, il souhaite mettre son talent au service d’une noble cause : l’investissement éthique. Cette lubie n’enchante cependant pas ses supérieurs. Coup de chance, une riche héritière lui propose d’investir ses milliards en Érythrée. Le financier, enthousiaste, part pour l’Afrique où il entrevoit un univers politico-financier plutôt trouble.

Tristan Roulot relance intelligemment la série Hedge Fund. Le fil narratif est à nouveau solidement ancré dans le monde de la finance, le cosignataire du livre, Philippe Sabbah, garantit d’ailleurs la véracité du propos. Cette fois, les auteurs expliquent les enjeux liés au développement des pays du tiers-monde, notamment le rôle que la Chine y joue. Le protagoniste, toujours aussi naïf et sûr de lui, dévoile une humanité qui le rend attachant. Ce n’est pas le cas de son acolyte milliardaire (une sorte de clone de Paris Hilton), qui se révèle peu intéressante et dont les scénaristes finissent par se débarrasser abruptement. Alors que la trame de la trilogie initiale s’avérait un peu lourde pour les non-initiés à la chose financière, le lecteur découvre un nouveau cycle plus léger et moins didactique.

Le dessin réaliste de Patrick Henaff est propre. L’artiste varie constamment la composition de ses planches et démontre une affection particulière pour les cases très allongées, à la verticale comme à l’horizontale, pour présenter une vue d’ensemble comme un plan rapproché. Ce format crée un effet dramatique et contribue à dynamiser ou même à fluidifier ce récit qui est relativement lent.

Un regard réaliste et ludique sur le capitalisme sauvage et débridé.

Moyenne des chroniqueurs
6.0