Les reines de sang - Cléopâtre, la Reine fatale 1. Volume 1

Âgée de dix-sept ans, Cléopâtre accède au trône. Suivant la tradition, elle ne peut régner seule et doit donc épouser son jeune frère, Ptolémée XIII, qui a seulement une dizaine d’années. Pour elle, le pouvoir a la saveur d’un savant mélange de stupre, de bestialité et d’autorité. Elle compte bien l’exercer dans sa totalité et en profiter pleinement. Mais la haine entre les deux monarques, la jeunesse du roi sous l’influence de l’eunuque Pothin et la situation politique de Rome vont bientôt menacer sa place. Femme voulant exister dans un monde d’hommes, elle va devoir se servir tour à tour de ses charmes et de son intelligence pour s’imposer.

S’intéresser à la légendaire Cléopâtre, c’est effectuer une plongée dans l’inconnu tant les sources antiques sont peu nombreuses. Et celles disponibles proviennent essentiellement de l’entourage de l’empereur Auguste qui l'a vaincue et avait tout intérêt à noircir la réputation de la reine. Ce handicap pour les historiens est une aubaine pour les romanciers et autres scénaristes qui se sont emparés depuis bien longtemps de la dernière souveraine d’Égypte.

Marie et Thierry Gloris se lancent à leur tour dans l’aventure. Leur travail est plaisant car, en s’appuyant sur un contexte historique reconnu – la lutte entre les époux pharaons, celle opposant César et Pompée –, ils s’attachent à dépeindre une femme crédible, navigant entre une image de beauté sulfureuse vraisemblablement gonflée par le romantisme de certains auteurs et une habilité politique – contrairement aux habitudes de la société grecque, elle a reçu l’éducation de précepteurs cultivés – faisant d’elle un sujet d’inquiétude pour les romains.

La saga de la plus célèbre des égyptiennes se dévoile avec d’autant plus de plaisir que Joël Mouclier fournit des planches attrayantes. Sa mise en scène aérée basée sur des cases assez grandes laisse les émotions s’exprimer par l’intermédiaire de personnages expressifs et de décors évocateurs. Le soin apporté à la colorisation contribue à donner vie aux atmosphères.

« Quand la légende dépasse la réalité, alors on publie la légende ! ». C’est fait ici avec grande efficacité.

Moyenne des chroniqueurs
6.0