Sacha Guitry (Simsolo/Martinello) 1. Le Bien-aimé

L ’existence pleine de panache de Sacha Guitry a de quoi inspirer les biographes. Outre son talent d’écrivain/acteur/cinéaste, ce dernier a côtoyé à peu près toute l’intelligentsia culturelle du Paris, de la Belle époque aux Années folles ! De plus, sa lutte avec l’ombre envahissante de son célèbre père, son penchant pour les mariages (courts, mais heureux), sans oublier une faconde jamais démentie (il a écrit plus de cent pièces de théâtre), sa personnalité à multiple facettes font de lui un candidat idéal pour tenter de comprendre comment le génie naît et fonctionne.

Entre classicisme et baroque, Noël Simsolo et Paolo Martinello reviennent sur la trajectoire étincelante du dramaturge. Les différents épisodes – anecdotes souvent connues – sont évidemment passées en revue, bons mots inclus. L’homme est logiquement au centre de l’attention, le cadre un peu moins. Si plusieurs événements historiques sont bien mentionnés, c’est juste en passant et rares sont les mises en relations entre Guitry et son temps. Cela dit, la lecture est prenante, bien rythmée et peuplée d’une foule de célébrités plus ou moins sorties des esprits.

Graphiquement, le dessinateur recrée avec une certaine réussite le pavé parisien et les pesants intérieurs bourgeois dans lesquels le héros nage comme un poisson dans l’eau. En revanche, les couleurs lourdes et passablement ternes ainsi que la mise en page répétitive gâche un peu la représentation. Au final, l’ensemble tient la route, mais manque de profondeur et surtout de la finesse qui ont fait la gloire de l’auteur du Roman d’un tricheur.

Moyenne des chroniqueurs
6.0