Les disparues d'Orsay

G ardien au musée d’Orsay, Virgile Dautrey est comme le Poinçonneur des lilas, c’est le gars qu’on croise et qu’on ne regarde pas. À quelques heures du trentième anniversaire de l’Institution, il découvre que les muses se sont enfuies des tableaux. Avec l’aide de Dante, il se lance dans une folle investigation pour retrouver les absentes. Sa quête n‘est finalement qu’un subterfuge pour exposer les œuvres hébergées dans l’ancienne gare.

C’est d’ailleurs sur le canevas d’une odyssée ferroviaire que Stéphane Levallois articule son récit. De facture plutôt simple, il est tout de même, par moment, un tantinet décoiffant. La meilleure attitude est alors de se laisser conduire par la narration. Cela dit, une bonne connaissance des arts en général et des œuvres logées rue de Lille en particulier (plus de 70 compositions sont convoquées), permet de bien apprécier l’album et d’en mesurer la profondeur.

Portant également la casquette de l’illustrateur, l’auteur du Dernier modèle propose un trait nerveux, légèrement encré et nappé d’aquarelle, qui se superpose à ses copies de créations célèbres. L’artiste démontre à ce moment toute sa polyvalence en pastichant autant Pablo Picasso qu’Edgar Degas et William Bouguereau. En fait, dans cette bande dessinée, tout est prétexte à la présentation des peintures. Au restaurant, on sert La nature morte aux harengs et Le lapin de Chaïm Soutine. Par la fenêtre, s'invitent Le train dans la campagne de Claude Monet ou Les Glaneuses de Jean-François Millet. Pour recréer un wagon rempli d’animaux, le dessinateur n’hésite pas à amalgamer quatre toiles d’Antoine-Louis Barye. Et ça marche, tout se tient, tout est fluide... et l'entreprise ne déraille pas.

Le livre comporte enfin un petit dossier dans lequel le créateur expose des dessins insufflés par sa fréquentation des maîtres. On y trouve en outre une liste exhaustive des œuvres présentées dans le bouquin.

Les disparues d’Orsay est coédité par Futuropolis et le Musée d’Orsay. Cet opus est le cinquième de la série dont la formule est empruntée au Louvre ; une façon originale d’inviter le neuvième Art à s’inspirer des deuxième et troisième.

Un ouvrage ambitieux et fascinant qui donne le goût d’aller se promener dans le septième arrondissement parisien.

Moyenne des chroniqueurs
7.5