Ni Terre ni Mer 1. Ni Terre ni Mer 1/2

D e beaux jeunes gens partis en balade sur un bateau sont pris dans une tempête et s'échouent sur une île où seuls les deux gardiens d'un phare vivent. Pas de radio, ni de moyens de communications et des hôtes peu avenants, le décor semble planté pour revenir sur ce qu'il s'est passé entre eux deux ans auparavant. Cela a scellé la fin de l'amitié du petit groupe et il est grand temps de tirer cette affaire au clair.

Olivier Megaton n'est pas vraiment un inconnu des fans de cinéma hollywoodien. Le réalisateur de blockbusters comme Taken (2 et 3) ou le Transporteur (3), est un véritable touche-à-tout (il a aussi réalisé des documentaires pour Arte, des clips et des pubs, mais aussi graffeur) et c'est naturellement qu'il a cédé face à l'insistance de Jean-Louis Bocquet lorsque celui-ci lui a proposé d'écrire pour le 9ème art. Pour son passage au médium bande dessinée, il est épaulé par Sylvain Ricard. Ensemble, ils proposent un thriller haletant sous forme de huis-clos particulièrement prenant. Dès les premières planches, l'alchimie opère et le savoir-faire est évident : le cadre choisi s'avère idéal et l'immersion est immédiate. Très vite, les protagonistes semblent dissimuler des secrets qui plombent leurs relations et les empêchent d'avancer. Là encore, l'effet est réussi, la curiosité est piquée à mesure que les éléments se dévoilent et que la tension monte. Mais, passés ces bons débuts, l'intrigue s'habille d'une certaine facilité qui peut amener à décrocher. En effet, les ficelles classiques du cinéma « grand spectacle » sont de sortie et le triptyque sexe-flashback-meutre n'est pas épargné au lecteur. Les rebondissements s'avèrent alors souvent prévisibles et les effets quelque peu forcés. Malgré tout, la narration reste fluide et les dernières planches réservent suffisamment de suspens pour accrocher.

Nicola Grenziellena et Sébastien Gérard forment le duo graphique. Le premier, qui était à l'œuvre début 2017 sur William Adams, Samouraï propose un dessin réaliste tout à fait convaincant. Les personnages sont bien croqués, les décors - la mer, le voilier et le phare - parfaitement maitrisés et le découpage, varié, s'accorde avec le rythme du récit. Les couleurs du second sont sobres et totalement à propos. Soulignant le stress des conditions météo ou la lourdeur de l'ambiance, elles collent à la tonalité des séquences et ajoutent à l'angoisse, qui va crescendo au fur et à mesure de la progression de l'histoire.

Même si ce premier acte manque de surprises, l'ensemble est bien ficelé et efficace. Il faudra toutefois attendre la conclusion pour se décider entre thriller grand spectacle réussi ou mise en place qui fait pschitt.

Moyenne des chroniqueurs
5.0